Bisphénol

Bisphénol A : l’Anses publie ses commentaires en réponse à la mise en consultation du projet d’avis de l’EFSA

Le 17 janvier dernier, l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) mettait son projet d’avis sur les risques sanitaires liés au Bisphénol A (BPA) en consultation sur son site Internet. L’Anses s’est autosaisie le 7 février 2014 pour procéder à une analyse des principaux points de ce projet d’avis. L’Agence publie ce jour les conclusions transmises à l’EFSA en réponse à cette mise en consultation. L’Anses souligne l’important travail scientifique réalisé par l’EFSA, notamment l’intégration de données récentes et la prise en compte de toutes les voies d’exposition. Cependant, l’Anses pointe certaines limites quant à la prise en compte des incertitudes dans le travail de l’EFSA, des différences d’interprétation dans l’analyse des études disponibles et recommande une harmonisation des méthodes d’évaluation des études toxicologiques appliquées par les différents organismes européens.

Le 17 janvier dernier, l’EFSA mettait en consultation son projet d’avis relatif à l’évaluation des risques liés au bisphénol A (BPA) pour la population humaine. Cet avis présente les résultats d’une analyse de plus de 450 études portant sur les risques potentiels pour la santé associés au BPA, et conclut, tout en soulignant le contexte de très forte incertitude scientifique, que le BPA ne présente pas de risques pour les consommateurs aux niveaux actuels d’exposition, via l’alimentation et la manipulation de tickets thermiques. Toutefois, l’EFSA propose une baisse de la dose journalière admissible, établie à titre provisoire, en vue de prévenir les risques qu’elle considère comme faibles au regard de l’exposition des consommateurs.

Au regard du travail qu’elle a réalisé depuis plus de trois ans sur ces questions, l’Anses a souhaité contribuer à cette consultation et a transmis son avis à l’EFSA le 13 mars dernier. L’expertise s’est focalisée sur les principaux points clefs, relatifs aux dangers de la substance et à ses effets sanitaires,  pointés par les rapports de l’Anses publiés en 2011 et 2013. Elle s’est également concentrée sur les éléments nouveaux de la démarche d’évaluation du risque proposée par l’EFSA.

Des informations complémentaires obtenues grâce à des études récentes

L’intégration de nouvelles études dans l’expertise de l’EFSA a permis d’apporter des compléments d’information, en particulier pour certains effets critiques comme le métabolisme, pour lesquels assez peu d’informations étaient disponibles jusque récemment.

En effet, l’EFSA a intégré dans son évaluation des risques des publications récentes, publiées depuis juin 2012, date limite des publications prises en compte par l’Anses dans son rapport d’expertise sur l’évaluation des risques sanitaires liés au BPA publié en mars 2013.

L’Anses observe également que, pour cette nouvelle évaluation des risques pour la santé, non seulement les études d’exposition par voie orale ont été évaluées, mais la voie sous-cutanée a également été prise en compte, ce qui n’était pas le cas dans les avis précédents de l’EFSA.

Par ailleurs, l’EFSA a élargi sa sélection à des études qu’elle ne considérait pas jusqu’ici, prenant ainsi en compte des travaux supplémentaires dans son évaluation des risques.

Des méthodologies à préciser

L’Anses souligne l’important travail scientifique réalisé par l’EFSA. Néanmoins, elle considère que l’approche mise en œuvre présente certaines limites. Ainsi, certaines manifestations biochimiques ou histologiques pouvant conduire à des risques pour la santé ne sont pas considérées comme suffisamment probantes pour être retenues par l’EFSA (notamment des effets sur le système nerveux central ou sur la glande mammaire), alors que l’Anses juge toujours à ce jour nécessaire de les intégrer à l’évaluation du risque.

Par ailleurs, il est fait état à de nombreuses reprises dans le rapport de l’EFSA, des incertitudes sur les effets du BPA en lien avec la qualité des études évaluées. Or dans son rapport, l’EFSA utilise souvent l’incertitude comme argument pour considérer qu’un effet n’est pas probable voire même parfois, pour exclure de l’évaluation du risque un effet qui est considéré probable.

Recommandations de l’Agence

Après analyse du projet d’avis de l’EFSA, l’Anses considère que les conclusions de son évaluation publiée en mars 2013 restent, à ce jour, valides. L’Agence prend néanmoins acte du nombre de publications postérieures à son rapport sur les effets sanitaires du BPA et estime nécessaire de poursuivre une veille active permettant l’actualisation des données sur cette substance.

Enfin, étant donné les divergences d’interprétation relevées par les experts concernant notamment les limites méthodologiques des études de toxicité sur le BPA, l’Anses recommande de définir des critères objectifs, qui devraient faire l’objet d’une harmonisation entre l’EFSA et les agences nationales de sécurité sanitaire.