18/02/2022
Portrait
0 min

Celles qui font l’Anses - "Approcher toutes les facettes du travail sur les risques sanitaires liés à l’alimentation" - Corinne Danan

Corinne Danan est cheffe adjointe de l’unité Salmonella et Listeria, au sein du laboratoire de sécurité des aliments de l’Anses. Ingénieur de recherche, elle travaille depuis 20 ans sur les risques sanitaires liés à l’alimentation. 

corinne danan

 "Un risque de contamination, y compris avec des produits réfrigérés"

Je suis arrivée à l’Anses, à l’époque Afssa, en 2000. J’ai depuis occupé plusieurs postes, à l’Agence et en détachement au ministère de l’agriculture. Ces expériences m’ont permis d’approcher toutes les facettes du travail sur les risques sanitaires liés à l’alimentation : l’évaluation des risques, leur gestion, la surveillance sanitaire de la chaîne alimentaire, l’expertise et la recherche.

Depuis janvier 2020, je suis chef adjointe de l’unité Salmonella et Listeria. Ces deux bactéries sont à l’origine d’intoxications alimentaires chez l’Homme. Notre activité est consacrée à la surveillance de leur présence dans l’alimentation et à la recherche, pour améliorer les moyens de détection et mieux comprendre les risques de transmission de ces bactéries.

De plus, mon unité pilote les laboratoires de référence national et européen pour Listeria. Cette bactérie se trouve partout dans l’environnement. Elle peut être dans tout type d’aliment : des charcuteries, des produits de la pêche, du fromage au lait cru, mais aussi sur des végétaux, contaminés lors des étapes de production ou de préparation chez le consommateur. La particularité de cette bactérie est de pouvoir se multiplier à des températures basses : il y a donc un risque particulier d’exposition du consommateur avec des produits réfrigérés prêts à consommer. La maladie qu’elle provoque, la listériose, est heureusement relativement peu fréquente, environ 300 cas par an en France, mais elle peut être très grave lorsque la bactérie se répand dans l’organisme, avec un taux de décès de 30%. Cette forme grave de la maladie touche surtout les femmes enceintes, chez qui elle peut provoquer des avortements, et les personnes immunodéprimées.

"Accompagner les laboratoires pour la détection de Listeria dans les aliments"

Notre rôle en tant que laboratoire de référence est de superviser les laboratoires officiels pour la détection de Listeria dans les aliments, en évaluant leurs compétences, en organisant des formations, en les accompagnant dans l’évolution des technologies et en proposant des ateliers scientifiques. Nous apportons également un appui aux autorités en cas de doute sur des résultats d’analyse ou lors d’investigations de cas humains. Ce travail se fait en collaboration avec le Centre national de référence et Santé publique France, qui surveillent les cas de listériose humaine.

Notre objectif aujourd’hui est de développer les connaissances sur les souches de Listeria qui circulent dans les différentes filières agro-alimentaires, pour pouvoir mieux connaitre leur diversité, leurs facteurs de virulence ou de persistance dans l’environnement, et contribuer ainsi à une meilleure maitrise des sources de contamination. Ceci est possible en étudiant finement la « carte d’identité génétique » des bactéries présentes dans les aliments et l’environnement et en les comparant avec celle des souches d’origine humaine. Cela nécessite de mettre en œuvre des technologies de caractérisation bactérienne toujours plus rapides et plus précises.

J’aime particulièrement le fait que nos activités scientifiques apportent des nouvelles connaissances qui peuvent être transférées rapidement aux acteurs de terrain. C’est un travail collaboratif riche et varié, au service d’une politique de santé publique globale.

Appelée en renfort contre la Covid-19 : "Une expérience intense mais extraordinaire"

Preuve de nos liens de confiance avec nos partenaires en santé humaine, j’ai été appelée en renfort par Santé publique France au début de la pandémie de la Covid-19, en mars dernier. Même si les maladies virales sont loin d’être mon domaine de compétence, j’ai tout de suite accepté ! J’ai ainsi participé à la coordination de l’équipe chargée de mettre en place le système d’information national qui centralise les résultats d’analyses des laboratoires de biologie médicale privés et hospitaliers. Ces données servent à suivre la progression de la Covid-19. Ça a été une expérience d’un mois intense mais extraordinaire, où la réactivité, la coordination et la concertation ont été les maîtres mots. Même si les situations sont différentes, nous partageons des réflexions et une méthodologie de l’épidémiologie communes. Certaines idées me sont restées, notamment pour centraliser plus efficacement les données des laboratoires de surveillance des aliments.

Découvrez d'autres portraits

Celles qui font l'Anses - "Être prêts face à l’émergence de maladies"- Béatrice Grasland
14/10/2020

Celles qui font l'Anses - "Être prêts face à l’émergence de maladies"- Béatrice Grasland

Béatrice Grasland est cheffe d’unité « virologie, immunologie, parasitologie aviaires et cunicoles » au laboratoire Anses de Ploufragan. Docteur en microbiologie, elle a d’abord travaillé en virologie porcine puis en virologie aviaire, notamment sur les coronavirus en santé animale.
« Pourquoi la tuberculose bovine persiste dans certaines régions françaises et pas dans d’autres ? » - Portait du doctorant Ciriac Charles
04/11/2021

« Pourquoi la tuberculose bovine persiste dans certaines régions françaises et pas dans d’autres ? » - Portait du doctorant Ciriac Charles

Chaque année, l’Anses organise des journées d’échanges sur des travaux de recherche en cours ou récemment terminés, afin d’encourager les interactions entre les équipes scientifiques. À cette occasion, les doctorants accueillis à l’Agence présentent leurs thèses. Ciriac Charles a obtenu le prix du meilleur poster 2021 des doctorants de l’Anses. Découvrez son parcours et ses recherches.
Celles qui font l'Anses - " Le travail collaboratif est crucial pour surveiller les maladies liées aux tiques"
03/05/2021

Celles qui font l'Anses - " Le travail collaboratif est crucial pour surveiller les maladies liées aux tiques"

Sara Moutailler est directrice de l’Unité mixte de recherche BIPAR au Laboratoire de santé animale à l’Anses. Elle est entomologiste médicale, spécialiste des tiques.