Eaux Usées

Évaluation des risques sanitaires relatifs à la présence de micro-organismes dans les eaux destinées à la consommation humaine

Les agents microbiologiques pathogènes pouvant être présents dans l’eau destinée à la consommation humaine (EDCH) sont essentiellement des bactéries, des virus ou des protozoaires, issus pour la plupart d’entre eux des déjections humaines ou animales. Leur présence dans l’eau du robinet est liée à une insuffisance de la protection de la ressource, à un défaut du traitement de l’eau ou à des retours d’eau dans le réseau d’eau potable. Ils peuvent être à l’origine de maladies infectieuses (en France métropolitaine, essentiellement des gastro-entérites aigües) et constituent le principal risque à court terme pour la santé lié à une contamination de l’eau de boisson. 

Contexte 

Conformément à la directive n° 98/83/CE relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine et à l’article R. 1321-2 du code de la santé publique, les Eaux  déstinées à la consommation humaine (EDCH) doivent :

  • ne pas contenir un nombre ou une concentration de micro-organismes, de parasites ou de toutes autres substances constituant un danger potentiel pour la santé des personnes ;
  • être conformes aux limites de qualité, portant sur des paramètres microbiologiques et chimiques (1)

En pratique,  le contrôle sanitaire relatif à la qualité microbiologique des EDCH repose essentiellement sur la recherche et le dénombrement d’indicateurs de contamination d’origine fécale et d’indicateurs d’efficacité des traitements mis en œuvre pour éliminer ou inactiver les micro-organismes pathogènes pour l’Homme. Des références ou limites de qualité sont fixées à la ressource et en distribution. La qualité microbiologique de l’eau doit être maintenue jusqu’au robinet du consommateur. 

En France, l’investigation des épidémies de gastro-entérite aigue (GEA) d’origine hydrique entre 1998 et 2006 situe les points d’entrée de la pollution, à parts égales, entre la ressource et le réseau de distribution. Sur les dix épidémies de GEA investiguées par l’Invs, les agents pathogènes identifiés sont représentés par des bactéries du genre Campylobacter, des parasites du genre Cryptosporidium et des virus, majoritairement des norovirus (2). Dans un contexte épidémique, des listes d’agents pathogènes à rechercher dans l’eau en complément de la recherche des indicateurs microbiologiques usuels sont utilisées (3).

Par ailleurs, certains genres bactériens dont les milieux aquatiques constituent l’habitat naturel tels les légionelles, responsables de légionelloses susceptibles d’entraîner des pneumopathies sévères, peuvent survivre et se multiplier dans les réseaux d’eau chaude sanitaire. Chez l’Homme, la contamination s’effectue par inhalation d’un aérosol composé de fines gouttelettes d’eau contaminée par des légionelles, et non par ingestion d’eau contaminée.

Le développement saisonnier de cyanobactéries dans certaines eaux de surface utilisées comme ressource pour la production d’EDCH est également un sujet de préoccupation sanitaire en lien avec la production de toxines de ces espèces bactériennes.


(1) Arrêté du 11 janvier 2007 relatif aux limites et références de qualité des eaux brutes et des eaux destinées à la consommation humaine mentionnées aux articles R. 1321-2, R. 1321-3, R. 1321-7 et R. 1321-38 du code de la santé publique.
(2) InVS (2008) – Bilan des épidémies d’origine hydrique investiguées en France depuis 1998 et principales recommandations
(3)InVS ( )  Guide d’investigation des épidémies d’infection liées à l’ingestion d’eau de distribution

Méthodologie

Pour chaque agent microbiologique évalué, l’Agence explore les points suivants :

  • identification et caractérisation du danger (taxonomie, caractéristiques, effets,…) ; 
  • évaluation du risque associé au danger en fonction des données disponibles (dose - réponse, exposition, …) ; 
  • au besoin de développer un volet métrologique : prélèvement / analyses.

Le rôle de l'Anses 

L’Agence évalue les risques sanitaires liés à la présence de micro-organismes susceptibles d’être pathogènes dans l’EDCH, qu’ils soient réglementés ou non. À titre d’exemple elle a évalué les risques sanitaires pour l’Homme liés à la présence de virus, de Cryptosporidium sp., de cyanobactéries et de leurs toxines, de Pseudomonades et de Bacillus dans l’eau destinée à la consommation humaine 

Ces travaux d’expertise permettent notamment d’assurer un appui scientifique et technique aux gestionnaires dans des situations de contamination locale. Ils  peuvent également être utilisés lors de révisions de la réglementation tant nationale que communautaire.

Matrices pour en savoir plus
BactériesPseudomonas
 
 BacillusAnses (novembre 2012) - Rapport et avis relatif aux risques sanitaires liés à la présence de Bacillus spp. Dans l’eau destinée à la consommation humaine délivrée par l’usine de production d’Aire-sur-la Lys (Nord-Pas-de-Calais) (PDF)
 Bactéries antibiorésistantes

Avis  de l’Afssa du 11 décembre 2006 relatif à une demande d'évaluation du risque sanitaire lié à la présence dans l'eau destinée à la consommation humaine de bactéries résistantes à des antibiotiques humains et animaux (PDF)

Rapport Analyse des mécanismes qui aboutissent à la présence de bactéries antibiorésistantes dans les eaux - éléments d’évaluation des risques (juillet 2006) annexé à l'avis du 11 décembre 2006 (PDF)

Cyanobactéries 
Note Afssa du 5 juin 2008 relative à la consommation de produits alimentaires en présence d'efflorescence de cyanobactéries
Note Afssa du 10 juillet 2009 relative à la situation de contamination des plans d'eau de la base de loisirs de Champs-sur-Marne par des saxitoxines
Note d'expertise collective de l'Afsset de mai 2010 relative aux risques sanitaires liés à la présence de végétaux associés à des cyanobactéries sur la plage de N’Gouja à Mayotte
ProtozoairesCryptosporidium
Etude relative à l'analyse quantitative du risque lié à la contamination des ressources en eau par Cryptosporidium. Etude pilotée par la DGS et associant les DRASS et DDASS de Champagne-Ardenne et de Picardie ainsi que l'Afssa. Les résultats de cette étude, initiée en 2006, ont été rendus publics en 2009
 Giardia duodenalisFiche de description de danger Giardia duodenalis, Anses, janvier 2011 (PDF)
Virusgénéralités

Avis de l'Afssa du 23 janvier 2006 relatif à l'interprétation des résultats d'analyses relatif à la présence de particules virales dans un réseau de distribution d'eau (PDF)

Avis de l'Afssa du 15 mars 2006 relatif à l’évaluation qualitative du risque sanitaire pour l’homme lié à la présence dans l’eau destinée à la consommation humaine et dans divers effluents aqueux de virus Influenza hautement pathogène, dans le cas d’une épizootie ou dans le cas d’une épidémie humaine (PDF).

 rotavirusFiche de danger rotavirus (PDF) juillet 2012
 Vibrio parahaemolyticusFiche de danger Vibrio parahaemolyticus septembre 2009 (PDF)