Bisphenols

Éviter une substitution du Bisphénol A par le Bisphénol B

Le Bisphénol B présente des propriétés endocriniennes similaires à celles du Bisphénol A. Telle est la conclusion des experts de l’Anses dont les travaux sont publiés aujourd’hui dans la revue Environmental Health Perspectives. L’article présente les résultats de l’évaluation des propriétés de perturbation endocrinienne du bisphénol B (BPB) menée en septembre 2018 dans le cadre de la Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE 1).

Les experts ont développé une méthode d’analyse originale en se basant sur la similarité de structure entre le bisphénol A (BPA) et le BPB. Cette approche se veut plus inclusive que celle qui est actuellement appliquée au niveau règlementaire en Europe. En effet, les experts ont pris en compte les effets possibles du BPB sur l’homme ou la faune sauvage observés lors de tests en laboratoire réalisés sur différentes espèces de vertébrés tels que des rongeurs ou des poissons.

Les données obtenues mettent en évidence la capacité du BPB à interférer avec la voie de signalisation des œstrogènes, à réduire la production de testostérone, à altérer la stéroïdogenèse, à modifier la spermatogénèse chez les rats et les poissons-zèbres, ainsi que la reproduction des poissons. Cette activité oestrogénique ainsi que l'inhibition de la production de testostérone sont cohérentes avec l'activité endocrinienne du BPA.

Ces travaux concluent donc que le BPB présente des propriétés endocriniennes similaires à celles du BPA, la première substance chimique à avoir été identifiée en tant que perturbateur endocrinien pour l’homme au niveau européen.

Le BPB est aujourd’hui utilisé comme alternative à certains usages du BPA et du bisphénol S (BPS) dans certains pays tels que les Etats-Unis où il est enregistré en tant qu'additif indirect pour certains revêtements et polymères en contact avec les aliments par la Food and Drug Administration (FDA). Bien que non fabriqué ou utilisé comme substance chimique en Europe (il n’est pas enregistré dans le cadre du règlement européen REACH), on le retrouve dans des échantillons biologiques de populations européennes (Cunha and Fernandes 2010 et Cobellis et al. 2009)  ainsi que dans des milieux environnementaux en Chine (Yan et al. 2017, Liu et al. 2017). Son identification comme perturbateur endocrinien dans le cadre du règlement REACH permettra d’éviter que l’industrie développe son utilisation ou sa fabrication pour substituer le BPA ou BPS. Cette identification obligera également les importateurs d’articles contenant du BPB à plus de 0.1% à déclarer sa présence.