Fongicides

Fongicides inhibiteurs de la succinate déshydrogénase (SDHI) : l’Anses présente les résultats de son expertise

Un groupe de scientifiques a alerté sur les risques potentiels pour la santé de l’usage en agriculture des fongicides inhibiteurs de la succinate déshydrogénase (SDHI). Dans ce contexte, l’Anses a saisi un groupe d’experts indépendants afin d’examiner les hypothèses évoquées par ces scientifiques. Les experts ont pris en compte l’ensemble des données scientifiques disponibles afin de déterminer, notamment, si ces éléments constituaient une alerte sanitaire. A l’issue des travaux, l’Anses conclut que les informations et hypothèses évoquées n’apportent pas d’éléments en faveur d’une alerte sanitaire pour la santé humaine et l’environnement en lien avec l’usage agricole de ces fongicides qui pourrait justifier la modification ou le retrait des autorisations de mise sur le marché. Pour autant, l’Anses considère que le dossier n’est pas clos et poursuit les investigations.

Les inhibiteurs de la succinate déshydrogénase (SDHI) sont des substances actives notamment utilisées dans des produits fongicides pour lutter contre certains champignons et moisissures qui affectent les cultures. Les SDHI empêchent leur développement en bloquant une enzyme impliquée dans la respiration cellulaire, la succinate déshydrogénase (SDH).A ce jour, 11 substances actives de cette famille entrent dans la composition de produits phytopharmaceutiques autorisés en France.

Dans le cadre d’une tribune publiée dans la presse, un groupe de scientifiques a alerté sur les risques potentiels liés à ces substances SDHI. Conformément à ses principes de traitement des alertes, l’Agence a constitué un groupe d’experts indépendants dédié afin d’examiner les hypothèses évoquées par ces scientifiques et de déterminer si elles constituaient une alerte sanitaire. Celui-ci a notamment auditionné les chercheurs auteurs de l’alerte afin qu’ils lui communiquent les informations dont ils disposaient. L’Agence a également transmis sans délais ces informations à l’ensemble des autorités compétentes européennes.

Les experts ont analysé les données issues des dossiers d’évaluation des substances actives dans le cadre de la réglementation européenne et les données relatives aux risques pour la santé humaine associés à chacun des usages des produits, la toxicité pour les mammifères et la cancérogénicité, quelles que soient les voies ou les mécanismes d’action qui pourraient être responsables de cette toxicité (génotoxicité, épigénétique, mitotoxicité, …).

Les données issues de la littérature scientifique et de bases de données internationales, les données de surveillance (contamination des milieux et des aliments notamment), de vigilance et de contrôle ont également été étudiées par le groupe d’experts de l’Anses.

L’ensemble de ces travaux n’apporte pas d’éléments en faveur de l’existence d’une alerte pour la santé humaine et l’environnement en lien avec les usages agricoles de ces fongicides qui pourrait justifier la modification ou le retrait des autorisations de mise sur le marché.

En effet, le niveau des expositions alimentaires totales rapportées aux seuils toxicologiques actuellement établis est faible et les dépassements de limites maximales de résidus pour ces substances actives sont exceptionnels. De plus, ces substances sont rapidement métabolisées et éliminées. Enfin, au regard des sources consultées, il n’a pas été identifié de données suggérant une augmentation de l’incidence des cancers spécifiques associés au déficit en SDH, chez l’Homme non porteur de mutation (chez les professionnels exposés par exemple), malgré une commercialisation parfois ancienne de ces molécules SDHI, ni de données suggérant un impact pour les organismes de l’environnement.

Pour autant, l’Anses considère que le dossier n’est pas clos. Ainsi, dans le cadre du dispositif de phytopharmacovigilance, l’Anses poursuit d’ores et déjà les investigations, que ce soit pour préciser les niveaux d’exposition interne aux SDHI (quantité de substance présente dans l’organisme) ou pour approfondir les recherches épidémiologiques, notamment chez les agriculteurs.

Les experts recommandent également d’approfondir les travaux relatifs aux SDHI et aux méthodologies d’évaluation des risques liés aux usages des produits phytopharmaceutiques, travaux auxquels l’Agence participe déjà.