Incendie de l’usine Lubrizol : avis de l’Anses sur les risques alimentaires

Suite à l’incendie de l’usine Lubrizol, l’Anses a été saisie le 2 octobre dernier par le ministère en charge de l’Agriculture pour évaluer les risques alimentaires pouvant découler des retombées du panache de fumée. L’Agence publie ce jour son avis sur les analyses réalisées sur les productions agricoles prélevées du 28 septembre au 10 octobre.

Dans les jours suivant l'incendie, les animaux ont pu être exposés aux retombées des suies de l’incendie par l'inhalation des fumées et le dépôt direct de particules de fumée sur les muqueuses pulmonaires, ainsi que par la consommation d’aliments contaminés, notamment l’herbe des pâtures ou l’ensilage qui aurait été peu ou mal couvert et aurait subi un dépôt polluant.

Concernant les productions végétales, celles qui ont été retrouvées souillées par les retombées de suies ont été déclarées impropres à la consommation et ont été détruites. Néanmoins, certaines productions ont pu être contaminées par des particules non visibles.

Les prélèvements réalisés à la suite de l’incendie concernent des productions animales comme le lait, les œufs, le miel, les poissons d’élevage ainsi que des productions végétales : légumes-feuilles (salades, endives), légumes-racines (pommes de terre, betteraves, tubercules), fruits, aliments pour le bétail tels que le maïs ensilage, le foin et les herbes de pâture. Les contaminants recherchés sont des dioxines et furanes, des PCB, des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et des éléments-traces métalliques (cadmium, plomb, mercure).

Le groupe d’expertise collective en urgence de l’Anses a analysé 502 résultats d’analyses disponibles au 15 octobre 2019. Ils concluent que ces résultats ne dépassent pas les teneurs maximales réglementaires, sauf pour quatre échantillons de légumes (2 légumes-feuilles et 2 légumes-racines non lavés) sur 35, qui présentent des concentrations en plomb supérieures aux teneurs maximales réglementaires.

Des concentrations en dioxines, furanes et PCB-DL significativement supérieures à celles des plans de surveillance et de contrôle ont été relevées dans certaines productions : les œufs, le maïs, les ensilages, herbe/foin/luzerne et le maïs grains. Des concentrations en plomb mesurées dans les aliments pour animaux herbe/foin/luzerne, dépassent également la valeur des plans de surveillance et de contrôle. Ces valeurs restent toutefois inférieures aux teneurs maximales réglementaires. 

Au regard des résultats d’analyse collectés, les experts n’excluent pas que des retombées du panache aient pu contaminer des productions végétales non protégées. De plus, l’éventuelle contamination des sols liée à l’incendie pourrait impacter à terme les productions végétales du fait du transfert sols-racines-plantes.

Concernant les œufs et le lait, les analyses disponibles à ce jour montrent des teneurs inférieures aux teneurs maximales réglementaires. Toutefois une accumulation dans ces denrées de certains contaminants liés aux retombées n’est pas à exclure, du fait de l’ingestion par les animaux de terre et/ou d’aliments potentiellement contaminés.

Les experts recommandent donc la mise en place d’un plan de surveillance adapté.