Nématode du Pin

Le nématode du pin, un danger pour les conifères français

Ver microscopique qui touche des conifères et en particulier les pins maritimes, le nématode du pin Bursaphelenchus xylophilus est un parasite particulièrement destructeur, responsable de dépérissements graves dans les forêts de pin. Transmis par un insecte vecteur, sa diffusion est principalement liée au transport de bois ou de végétaux. En France, la région des Landes, est une zone à risque en cas d’introduction de ce parasite du fait de la présence importante de pins maritimes. Laboratoire de référence national et européen pour l’identification du nématode de pin, l’Anses a par ailleurs conduit plusieurs expertises pour évaluer les risques d’introduction et d’établissement de l’organisme en France et recommandé des mesures de gestion des bois et des écorces de pins.

Qu’est-ce que le nématode du pin ?

Le nématode du pin est un ver microscopique qui attaque certains conifères, essentiellement des pins. Lorsqu’ils sont atteints, les arbres rougissent, perdent leurs aiguilles et meurent en quelques semaines. Originaire d'Amérique du Nord, le nématode du pin s’est étendu en Asie avant d'être introduit en Europe. Il est actuellement présent au Portugal et de façon localisée en Espagne. Le nématode se propage par le biais d’un insecte vecteur, le coléoptère Monochamus galloprovincialis, en Europe. L’insecte devient porteur du nématode lorsqu’il se développe dans un arbre contaminé. Il transporte ensuite les larves du nématode d’un arbre à l’autre.

Un risque de contamination élevé en France

La diffusion de l’organisme nuisible est principalement liée au transport de bois ou de végétaux. Ces dernières années, le risque de contamination s’est accru pour plusieurs raisons :  

  • l’augmentation de la demande de copeaux de bois et d'écorces, utilisés pour le paillage ou le compost en agroécologie ;
  • la circulation de volumes très importants de bois et d'écorces sur le marché européen suite aux incendies de 2017 dans la péninsule ibérique, une zone en partie contaminée par le nématode du pin ;
  • la découverte en France d’écorces et d’emballages de bois contaminés en 2018.

La région des Landes, notamment, est une zone à risque en cas d’introduction du nématode car elle présente plusieurs facteurs favorables à la propagation du parasite : les conditions climatiques, la présence avérée de l’insecte vecteur, la surface forestière composée d’espèces de pins maritimes sensibles au nématode.

Dans le cas d’un foyer de nématode du pin, le risque de propagation de la maladie est lié à la capacité de l’insecte vecteur à transmettre le nématode d’arbre en arbre. Ce risque dépend :

  • de la nature des produits et sous-produits issus de l’exploitation forestière et notamment de leurs dimensions ;
  • du devenir de ces matériaux : stockage plus ou moins prolongé et transport ;
  • de la période considérée : pendant ou hors période de vol de l’insecte vecteur.

L’Anses, Laboratoire de référence aux niveaux national et européen

L’unité de nématologie du Laboratoire de la santé des végétaux de l’Anses à Rennes est laboratoire national et européen de référence pour l’identification du nématode du pin. A ce titre, il travaille depuis plus de 10 ans pour développer des méthodes innovantes de détection afin d’assurer une surveillance renforcée des territoires. Chaque semaine, le laboratoire supervise ou réalise des analyses sur les échantillons de bois prélevés dans les ports, forêts, usines ainsi que des prélèvements d’insectes. Saisie par le Ministère en charge de l’agriculture, l’Anses a également mené des expertises afin d’évaluer le risque d’introduction et d’établissement du parasite ainsi que recommander des mesures de gestion des bois à appliquer en France.

3 expertises pour anticiper la menace des nématodes du pin

Gestion des écorces de pin potentiellement contaminées par le nématode du pin

En 2018, suite à la découverte d’écorces contaminées par le nématode du pin en provenance du Portugal et destinées à la vente en France, l’expertise de l’Anses a porté sur la gestion du risque que représentent les écorces de pins sensibles au nématode.

L’Agence concluait que la plantation de jeunes plants de pins sensibles, notamment de pin maritime en forêt augmente le risque d’établissement du nématode en France. De plus, la présence de blessures sur les racines et leur contact étroit avec un compost contaminé constituent des conditions favorisant le risque de transmission directe du nématode.

Les principales recommandations de l’Anses sont :

  • apporter une attention particulière au cas des composts fabriqués à l’aide d’écorces et d’autres éléments ligneux contaminés, pour l’élevage de ces plants même si le risque de transmission directe est considéré comme faible voire très faible ;
  • le retrait du sol situé entre le bois contaminé et les racines des arbres en place n’est pas nécessaire au vu des capacités de survie et de déplacement du nématode dans du sol nu. Pour limiter le risque de transmission directe du nématode, une solution à envisager est la destruction des jeunes plants contaminés en pépinière.

Par ailleurs, dans les lots d’écorces sans résidus ligneux, le risque de transmission du nématode par son insecte vecteur est considéré comme négligeable. Il est important si les copeaux de bois ont une taille supérieure à 3x3x3 cm car des larves L4 et des nymphes peuvent survivre assez longtemps dans ces résidus ligneux pour produire au printemps des adultes immatures capables de transmettre le nématode à des arbres hôtes voisins.

Espèces susceptibles de favoriser la multiplication du nématode du pin

L’Agence a également évalué la sensibilité des espèces végétales au nématode du pin et son insecte vecteur. Les principales espèces végétales hôtes pour le nématode du pin appartiennent au genre Pinus, mais la liste des espèces végétales sensibles comprend d’autres conifères des genres Abies, Cedrus, Larix… Actuellement, il n’existe pas d’espèces de pin implantées en Europe qui soit résistante au nématode du pin mais certaines sont moins favorables à sa multiplication.

Dans le cas de détection d’un foyer de nématodes, il est recommandé :

  • d’éliminer en priorité les essences sur lesquelles le nématode est capable de se multiplier : pin maritime, pin sylvestre, pin noir, pin radiata, probablement pin d’Alep et pin taeda ;
  • de produire des plaquettes d’essences sensibles dont toutes les dimensions sont inférieures à 3 cm afin d'éviter qu'elles n'hébergent des larves de l'insecte vecteur.

Concernant Pinus pinea, d’après les données disponibles en péninsule ibérique, le risque de dépérissement sur le terrain est faible. Toutefois, des incertitudes demeurent dans la littérature scientifique, à la fois vis-à-vis de la multiplication du nématode, de l’expression des symptômes de dépérissement et de la capacité de l’insecte à se nourrir et à se reproduire sur cette essence. En particulier, des études complémentaires doivent être menées pour vérifier s’il peut être « porteur sain » de la maladie.

Dispositifs de transport, stockage et traitment des bois ou écorces sensibles au nématode du pin en cas de déclaration de foyer de nématode du pin

Suite aux violents incendies de forêts en 2017, le Portugal a demandé dans le cadre de la réglementation européenne, de pouvoir autoriser la sortie du pays des bois symptomatiques : arbres sensibles qui sont morts, ou dépérissant, ou qui ont subi des tempêtes ou des incendies, ou contaminés par le nématode du pin, sous forme de plaquettes. Dans ce contexte, l’Anses a évalué le risque de dissémination du nématode du pin et de son vecteur à partir de tous les matériaux issus de la transformation du bois en forêt, de leur stockage en forêt à leur transformation finale. Par ailleurs, la décision de l’Union européenne prévoit qu’en cas de détection du nématode du pin, des mesures de coupe rase soient prises dans un rayon de 500 m autour de l’arbre infesté. Le bois issu de ces coupes devra ensuite être géré de façon à limiter le risque de dissémination du nématode du pin et de son insecte vecteur.

Sur la base des connaissances scientifiques actuelles, l’Agence a déterminé des mesures de contrôle ou de prévention phytosanitaires à appliquer aux différents produits et sous-produits forestiers en fonction de leur devenir et de la période de l’année :

  • en période de vol des adultes de l’insecte vecteur M. galloprovincialis, du 1er avril au 31 octobre, seuls les broyats et/ou les plaquettes inférieurs en dimensions à 3 x 3 x 3 cm peuvent être laissés sur place sans risque de développement de l’insecte. Seules les plaquettes, à vocation commerciale, sont ensuite transportées. Si elles sont stockées pendant moins de 48h, elles ne nécessitent pas de traitement en forêt mais doivent ensuite être transportées de manière sécurisée afin d’éviter l’attraction et le transport d’insectes vecteurs adultes. Les autres produits d’exploitation, qui ne font pas l’objet de broyage ou déchiquetage en forêt, doivent être protégés de la même façon que les plaquettes, en tenant compte des conditions de stockage en forêt qu’elles soient courtes (<48h) ou longues. L’ensemble des produits d’exploitation stockés hors forêt dans des sites dédiés ou dans des sites industriels de transformation doivent continuer à être protégés pour prévenir l’émergence de jeunes adultes ou les infestations par des adultes matures de M. galloprovincialis ;
  • en dehors de la période de vol des adultes de l’insecte, du 1er novembre au 31 mars, aucun traitement en forêt n’est nécessaire car les produits et sous-produits d’exploitation ne peuvent, par principe, attirer ces insectes. Les traitements ne sont donc à appliquer que dans les aires ou sites de stockage, si celui-ci perdure au-delà de la période hivernale.

Des mesures existent pour empêcher les étapes clés du développement de l’insecte vecteur qui favorisent le risque de dissémination du nématode, à savoir l’attraction et la ponte ou le vol. Toutefois, ces mesures restent expérimentales ou ne sont pas autorisées en France. Des recherches scientifiques et/ou des développements technologiques sont donc nécessaires pour envisager des solutions techniques réalistes à l’échelle de l’exploitation forestière. Celles-ci devront garantir qu’un stockage et/ou un transport de matériaux issus d’essences sensibles au nématode du pin et à son insecte vecteur sans risque. Il s’agit par exemple, de l’utilisation de filets protecteurs imprégnés d’insecticide ou le traitement thermique des produits et sous-produits d’exploitation forestière.

Avis et rapports en lien avec l'article

Document PDF
Risques biologiques pour la santé des végétaux
Date de mise en ligne
02/09/2019
Numéro de saisine
2018-SA-0103
Document PDF
Risques biologiques pour la santé des végétaux
Date de mise en ligne
26/06/2018
Numéro de saisine
2018-SA-0103
Document PDF
Risques biologiques pour la santé des végétaux
Date de mise en ligne
20/10/2015
Numéro de saisine
2014-SA-0103