20/06/2025 7 min

Utilisation de vaccins vivants contre les salmonelles chez les volailles : une persistance des souches vaccinales au-delà des périodes attendues est rapportée dans certains élevages

Les déclarations de pharmacovigilance font état de quelques cas de persistance ou de présence inattendue de souches vaccinales de salmonelles dans des élevages de poules et de dindes. La présence de ces souches dans les élevages peut potentiellement interférer avec les plans de dépistage des salmonelles mis en place dans les filières concernées. L’Anses alerte sur la nécessité d’analyses complémentaires pour discriminer le type de souche isolée en cas de dépistage positif.

L’arrêté du 27 février 2023 relatif à la lutte contre les infections à Salmonella sp. dans certains élevages aviaires (poules pondeuses d'œufs de consommation et troupeaux de reproducteurs pour la poule et la dinde) a récemment simplifié le recours à la vaccination des animaux avec des vaccins contenant des souches vivantes de salmonelles(1). La mise en œuvre de cet arrêté a fait l’objet d’une instruction technique par la Direction générale de l'alimentation (DGAl) (2). En France plusieurs vaccins contenant ce type de souches sont autorisés pour les volailles : AVIPRO SALMONELLA® (DUO, VAC E et VAC T), CEVAC SALMOVAC®, PRIMUN SALMONELLA® (E et T) (3).

L’utilisation d’un vaccin vivant atténué permet généralement d’obtenir une immunité rapide et durable des animaux vaccinés. Toutefois, dans la mesure où ces vaccins contiennent des bactéries vivantes, une persistance voire une diffusion des souches vaccinales au sein des élevages est possible.

La durée maximale de persistance de ces souches est généralement identifiée dans les Résumé des Caractéristiques du Produit (RCP) des vaccins concernés, mais des déclarations de pharmacovigilance font état de quelques cas de persistance de souches vaccinales de salmonelles dans l’environnement d’oiseaux préalablement vaccinés au-delà des périodes attendues, ou de la présence de ces souches dans l’environnement d’oiseaux non vaccinés. Si ces souches ne sont pas pathogènes, leur présence dans les élevages peut potentiellement interférer avec les plans de dépistage des salmonelles mis en place dans la filière, en engendrant notamment des résultats d’analyses positifs malgré l’absence de salmonelle « sauvage » dans l’élevage.

Ainsi, un test de discrimination du type de souche isolée (souche sauvage vs. souche vaccinale vivante) doit être systématiquement envisagé pour tout isolement de Salmonella serovar Enteritidis et/ou Typhimurium dans un élevage avicole détenant des animaux préalablement vaccinés avec un vaccin contenant une souche vivante de Salmonella, et ce même en cas de positivité au-delà de la période de persistance maximale identifiée dans le RCP du vaccin.  Par ailleurs, compte tenu du risque de diffusion des souches vaccinales vivantes dans l’environnement, cette recommandation s’applique également en cas de dépistage positif sur des troupeaux non vaccinés, susceptibles d’avoir été contaminés par une souche vaccinale. En fonction du vaccin utilisé, l’identification de la souche vaccinale pourra être réalisée en utilisant des milieux de culture spécifiques, des analyses de biologies moléculaires ou des antibiogrammes.

L’Agence rappelle également que tout cas de persistance prolongée ou de présence fortuite d’une souche vaccinale dans un élevage doit être déclaré à la pharmacovigilance, soit en contactant le laboratoire du vaccin concerné, soit via le dispositif national de pharmacovigilance vétérinaire. La déclaration peut être effectuée par le vétérinaire, le pharmacien, l’éleveur ou toute autre personne ayant connaissance d’un tel évènement. Cette remontée d’information est très importante pour la surveillance des médicaments. En fonction des données recueillies, une modification des RCP des vaccins concernés pourra être considérée pour prendre en compte ces nouveaux éléments en provenance du terrain.

Vaccins vivants contre les salmonelles autorisés chez les volailles en France

Gamme de vaccins Titulaire de l'AMM Souches bactériennes Persistance maximale identifiée dans l’environnement Méthode de discrimination en cas de dépistage positif
CEVAC SALMOVAC CEVA SANTE ANIMALE Salmonella enteritidis souche 441/014 (auxotrophe adénine-histidine) Les poulets vaccinés peuvent excréter la souche vaccinale jusqu'à 6 semaines suivant la date de vaccination. 
La souche vaccinale peut être retrouvée dans l'environnement  jusqu'à 8 semaines après la deuxième vaccination et 5 semaines après la troisième vaccination.

Culture sur milieux sélectifs chromogéniques spéciaux (par exemple, milieu ASAPTM, Biomérieux)

Kit S-checkTM (auxotrophie adénine-histidine)
Antibiogramme : 
- la souche vaccinale est sensible à l'ampicilline, au céfotaxime, au chloramphénicol, à la ciprofloxacine, à la gentamycine, à la kanamycine, à l'oxytétracycline, à la streptomycine et à l’association sulfamérazine/triméthoprime.
- la souche vaccinale est résistante à la sulfamérazine seule.
Polymérase en temps réel (PCR) et Polymorphisme de Longueur des Fragments de Restriction (RFLP) en Electrophorèse sur Gel à Champ Pulsé (PFGE)

AVIPRO SALMONELLA (DUO, VAC E, VAC T) ELANCO

Salmonella enterica, subsp. 
Enterica, serovar
Enteritidis souche Sm24/Rif12/Ssq

et/ou

Salmonella enterica, subsp.

Les poules vaccinées peuvent excréter la souche vaccinale de Salmonella Enteritidis jusqu'à 21 jours et la souche vaccinale de Salmonella Typhimurium jusqu'à 35 jours suivant la date de vaccination.


Les canards vaccinés peuvent excréter la souche vaccinale de Salmonella Enteritidis jusqu'à 14 jours et la souche vaccinale de Salmonella Typhimurium jusqu'à 28 jours suivant la date de vaccination.


L'excrétion des souches vaccinales de salmonelles chez les dindes est intermittente. Suite à une vaccination unique au premier jour de vie, une excrétion de la souche vaccinale Salmonella Enteritidis a été observée jusqu'à 49 jours et de la souche vaccinale Salmonella Typhimurium jusqu'à 63 jours. 

Antibiogramme :


- Pour Salmonella Enteritidis :
Contrairement aux souches sauvages, la souche vaccinale est sensible à l'érythromycine (concentration recommandée 15 à 30 µg/mL) et résistante à la streptomycine (concentration recommandée 200 µg/mL) et la rifampicine (concentration recommandée 200 µg/mL).


-Pour Salmonella Typhimurium :
Contrairement aux souches sauvages, la souche vaccinale est sensible à l'érythromycine (concentration recommandée 15-30 µg/mL) et résistante à l'acide nalidixique (concentration recommandée 20 µg/mL) et la rifampicine (concentration recommandée 200 µg/mL).


Les souches vaccinales peuvent également être distinguées des souches de terrain à l'aide de méthodes de biologie moléculaire, telles que la réaction en chaine par polymérase en temps réel (PCR).

PRIMUN SALMONELLA (E, T) LABORATORIOS CALIER S.A.

Salmonella enterica subsp. Enterica, serovar Enteritidis souche CAL 10 Sm+/RIF+/Ssq-

ou

Salmonella enterica 
subsp. 
Enterica, serovar
Typhimurium souche ST CAL 16 Str+/Rif+/Enr-

Les animaux vaccinés peuvent excréter la souche vaccinale jusqu’à 14 jours suivant la date de vaccination pour Salmonella Enteritidis ; et jusqu’à 28 jours suivant la date de vaccination pour Salmonella Typhimurium.

La souche vaccinale peut être retrouvée dans l’environnement pendant 28 jours pour Salmonella Typhimurium.

Antibiogramme :

-Pour Salmonella Enteritidis :
Contrairement aux souches sauvages, la souche vaccinale est sensible à l'érythromycine (concentration recommandée 15-30 µg/mL) et résistante à la streptomycine et à la rifampicine (concentration recommandée 200 µg/mL).

-Pour Salmonella Typhimurium :
À la différence des souches sauvages, la souche vaccinale est sensible à l'enrofloxacine (concentration recommandée : 0,5 µg/mL) et résistante à la streptomycine (concentration recommandée : 50-100 µg/mL) et la rifampicine (concentration recommandée : 5-10 µg/mL).

Références :
 (1) Arrêté du 27 février 2023 relatif à la lutte contre les infections à Salmonella dans les troupeaux de l’espèce Gallus gallus en filière ponte d’œufs de consommation et dans les troupeaux de reproducteurs de l’espèce Gallus gallus ou Meleagris gallopavo : disponible ici.
(2) Instruction technique DGAL/SDSBEA/2024-234 : disponible ici.
(3) Index des RCP : disponible ici.