canards colverts au bord de l'eau

Le botulisme chez les animaux, une maladie peu fréquente aux conséquences graves

Le botulisme est une maladie grave provoquée par une toxine très puissante produite par des bactéries appelées « clostridies », en particulier la bactérie Clostridium botulinum. Bien que le botulisme puisse toucher à la fois les animaux et les humains, le risque de transmission directe entre eux reste très faible. L’enjeu principal, lorsqu’un cas est détecté chez les animaux, est de limiter l’ampleur d’un épisode et de la mortalité.

Qu’est-ce que le botulisme ? 

Le botulisme est provoqué par une neurotoxine paralysante produite principalement par la bactérie Clostridium botulinum. Il s’agit de la toxine naturelle la plus puissante connue à ce jour : quelques microgrammes peuvent être létaux pour un être humain ou un animal. 

En France, le botulisme animal touche principalement les oiseaux (domestiques et sauvages) ainsi que les bovins. 

Les toxines responsables des cas chez l’humain et l’animal sont-elles identiques ? 

Les toxines impliquées diffèrent généralement :

  • Chez l’humain, les formes les plus fréquentes, souvent associées à une contamination d’origine alimentaire, sont dues aux toxines de type A, B et dans une moindre mesure aux toxines E et F. 
  • Chez les animaux, ce sont surtout les toxines de type C, D et les mosaïques C/D et D/C qui sont en cause, très rarement le type E. 

Le botulisme dû à des toxines de type E est rare en France chez l’humain comme chez l’animal.

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Le botulisme est-il transmissible de l’animal à l’humain ? 

Le risque de transmission du botulisme entre l’animal et l’être humain est faible et les toxines impliquées ne sont généralement pas identiques. Il n'existe à l’heure actuelle pas de cas connus de transmission directe de botulisme entre un animal et un être humain. 

Cependant, les personnes exerçant certaines professions et activités particulièrement exposées, comme les éleveurs, le personnel des abattoirs, les pêcheurs, les chasseurs ou les personnes chargées du ramassage des cadavres dans la faune sauvage, doivent respecter les mesures et d’hygiène et de protection individuelle adaptées, comme le port de gants et de vêtements de protection. 

Existe-t-il un risque de contamination en consommant des produits d’origine animale ? 

En France, les aliments d’origine bovine ou aviaire sont très rarement à l’origine de botulisme humain. Le respect des règles de transformation et de conservation (hygiène à l’abattage, cuisson, chaîne du froid, date limite de consommation) permet de prévenir efficacement le risque. 

En cas de suspicion de botulisme de type E dans un plan d’eau, il est recommandé d’éviter la consommation de poissons crus (ceviche, marinades, etc.) issus de cet environnement.

Quelles sont les conséquences du botulisme chez les animaux ? 

La toxine botulique empêche la transmission du message nerveux, provoquant ainsi une paralysie flasque des muscles. L’animal devient incapable de se déplacer ou de s’alimenter, voire de respirer aboutissant à la mort de celui-ci. 

Dans les élevages, la mortalité peut atteindre 100%, ayant pour conséquence des pertes économiques importantes. Dans la faune sauvage, des milliers d’oiseaux peuvent mourir au cours d’un épisode de botulisme, avec un impact fort sur la biodiversité. 

Comment les animaux sont-ils contaminés ? 

Les aliments, l’eau de boisson ou encore la litière peuvent véhiculer la bactérie et/ou à la toxine. Des failles de biosécurité sont souvent identifiées comme étant à l’origine de l’initiation d’un épisode. La bactérie Clostridium botulinum peut persister dans l’environnement sous forme de spores pendant plusieurs années et ainsi entrainer des récidives dans les élevages.

Dans la faune sauvage, les facteurs à l’origine de l’initiation d’un épisode ne sont pas élucidés à ce jour mais une récurrence annuelle des épisodes est souvent observée. Il est recommandé d’éliminer rapidement les cadavres. En effet, les asticots présents au niveau des cadavres peuvent concentrer en forte quantité de la toxine botulique. Les oiseaux qui se nourrissent de ces asticots sont ainsi exposés à la toxine et meurent, entrainant un emballement du cycle et une explosion de la mortalité. 

Le botulisme est-il fréquent ?    

Le botulisme animal reste relativement rare en France, avec en moyenne une dizaine de foyers par an chez les bovins, une trentaine chez les volailles et une vingtaine dans l’avifaune sauvage confirmés en laboratoire. Néanmoins, ces chiffres sont probablement sous-estimés car tous les cas ne sont pas systématiquement déclarés ou ne font pas l’objet d’une analyse en laboratoire. 

Existe-t-il des traitements contre le botulisme ? 

Chez les volailles, un traitement antibiotique avec des β-lactamines permet d’éliminer la forme de la bactérie qui produit la toxine et ainsi de stopper les signes cliniques. Il n’élimine cependant pas les spores et les signes cliniques sont susceptibles de reprendre à l’arrêt du traitement. 

Un vaccin existe mais il ne dispose pas d’autorisation de mise sur le marché en France. Son utilisation peut être envisagée dans le cadre d’autorisations temporaires d’utilisation. Le vaccin est notamment utilisé dans les élevages bovins en cas d’épisodes pour vacciner les animaux ne présentant pas de signes cliniques et prévenir une récidive. 

Le botulisme est-il saisonnier ?

Les épisodes de botulisme ont principalement lieu en été en faune sauvage. Les conditions rencontrées en été (chaleur, baisse du niveau d’eau, diminution de l’oxygène dans le milieu…) sont favorables au développement de la bactérie. Le changement climatique pourrait accroître la fréquence des cas de botulisme dans les années à venir.

Cette saisonnalité est aussi observée dans les élevages avicoles, même si des épisodes peuvent être détectés toute l’année. Elle est beaucoup moins marquée dans les élevages bovins. 

Que fait l’Anses sur le botulisme animal ? 

L’Anses est laboratoire national de référence (LNR) pour le botulisme aviaire. À ce titre, elle développe et valide les méthodes de détection et de caractérisation des souches de Clostridium botulinum.

Elle participe à l’investigation des foyers de botulisme animal, en lien avec les gestionnaires et les acteurs du terrain.

Elle mène des projets de recherche pour mieux prévenir les épisodes de botulisme animal, en étudiant notamment les réservoirs de la bactérie, les voies de contamination, les interactions hôte/pathogène et les moyens de lutte.

Enfin, l’Agence réalise des évaluations de risques et émet des recommandations aux professionnels, aux pouvoirs publics et aux consommateurs pour prévenir le botulisme chez l’animal et l’être humain.

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