Baignade

Eaux de loisirs : les baignades

Détails des travaux sur les baignades naturelles et artificielles

La baignade est, en France, la plus répandue des activités récréatives en rapport avec l'eau. Les sites où se pratiquent les activités associées incluent principalement : les piscines ouvertes au public, dans lesquelles l'eau est traitée et notamment désinfectée et désinfectante afin d'assurer sa qualité microbiologique, les sites naturels, qui font parfois l'objet d'aménagements particuliers pour l'accueil du public, mais dans lesquels l'eau n'est pas traitée, et les baignades artificielles. L’Anses évalue les risques sanitaires pouvant être associés à ces trois types de baignades. 

La baignade est un loisir très apprécié du plus grand nombre. Elle n’est cependant pas sans risques : noyades, traumatismes divers, mais aussi risques chimique ou biologique dus à une mauvaise qualité de l’eau de la baignade ou du milieu environnant.

La qualité des eaux de baignades est encadrée par  la directive européenne 2006/7/CE [1], transposée en droit français dans le Code de la santé publique en septembre 2008. Elle vise à amener, d’ici à 2015, à une évolution progressive des modalités de gestion de la qualité des eaux de baignade en vigueur et à une plus large information du public. Cette réglementation ne s’applique pas aux catégories de baignades suivantes :

  • les bassins de natation et de cure ;
  • les eaux captives qui sont soumises à un traitement ou sont utilisées à des fins thérapeutiques ;
  • les eaux captives artificielles séparées des eaux de surface et des eaux souterraines.

Baignades naturelles

Les sites naturels de baignade peuvent être contaminés par des eaux usées plus ou moins épurées, issues de l’assainissement collectif ou individuel, par des eaux de ruissellement ou par des sources ponctuelles ou temporaires de pollution comme la contamination par des ’animaux domestiques ou de la faune sauvage. L’épuration naturelle du site, qui consiste en un filtrage par les plantes et la terre notamment, est d’une efficacité variable d’un site à l’autre.

Le risque lié à ces pollutions est principalement microbiologique, c'est-à-dire lié à la présence dans l’eau de micro-organismes pathogènes. Ces derniers, tels que bactéries ou virus, sont susceptibles, après ingestion ou contact direct avec la peau et les muqueuses, de provoquer des troubles (gastro-entérites, affections respiratoires ou cutanées).

En cours de saison, des prélèvements d’eau sont effectués sur chaque site de baignade avec une fréquence au minimum bimensuelle. Les résultats des mesures microbiologiques réalisées sur ces prélèvements sont comparés aux limites de qualité fixées par la directive 2006/7/CE. Des indicateurs de qualité physico-chimique sont également relevés. Dès la fin de la saison, des bilans départementaux sont réalisés, une synthèse nationale est effectuée par la Direction générale de la santé (ministère de la santé) et transmise à la Commission européenne. Les résultats font l'objet d'une communication au public avant le début de la saison balnéaire de l'année suivante. Ils sont maintenant accessibles par internet à l’adresse suivante : baignades.sante.gouv.fr

Baignades artificielles

L’Agence a produit un rapport d’expertise collective en juillet 2009 relatif à l’évaluation des risques sanitaires liés aux baignades artificielles non encadrées par la réglementation en vigueur. Ce rapport répondait à une saisine des ministères en charge de la santé, de l’écologie et du développement durable. Une attention particulière a été portée dans l’expertise sur les installations commercialisées sous l’appellation « piscines biologiques ou écologiques » dont le développement est très important depuis une dizaine d’années.

Une classification des baignades artificielles existantes a été réalisée en tenant compte des trois critères suivants : nature de la masse d’eau, qualité de la gestion hydraulique et présence/absence d’un traitement. Sur cette base est proposée la définition d’une baignade artificielle comme : « une baignade en eau captée et captive, traitée ou non, mais de nature non désinfectée et désinfectante ». Cette définition recouvre un ensemble de baignades très hétérogènes, telles que des plans d’eau, bassins d’eau de mer, étangs artificiels, trous d’eau, dérivations de rivières, gravières, etc.

L’Agence souligne que les appellations « piscine biologique ou « piscine écologique» sont inappropriées puisqu’elles ne correspondent pas à des piscines, au sens de la réglementation qui impose aux piscines collectives le maintien d’une eau « désinfectée et désinfectante ». L’Agence propose d’utiliser pour ces installations l’appellation « baignade à traitement par filtration biologique ».

L’expertise a permis d’identifier un certain nombre de dangers sanitaires, notamment :

  • les micro-organismes pathogènes apportés par les baigneurs pouvant être à l’origine de contaminations inter-baigneurs et responsables de la plupart des épidémies déclarées en eaux récréatives ;
  • les toxines de micro-algues et de cyanobactéries, dont la prolifération est amplifiée dans ce type de baignade par des conditions particulièrement propices ;
  • les micro-organismes et les pollutions chimiques apportés par l’environnement, via l’eau de remplissage de la baignade, les ruissellements d’eau souillée, l’intrusion d’animaux, etc.

Les voies d’exposition des baigneurs aux dangers précités concernent l’ingestion, l’inhalation d’eau et le contact cutanéo-muqueux.

Toutes les populations susceptibles de fréquenter les baignades artificielles sont concernées par ces expositions et particulièrement certaines populations sensibles comme les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées et les personnes vulnérables aux infections, de même que les professionnels intervenant régulièrement sur les sites de baignade artificielle.

Si le niveau de risque varie en fonction de l’efficacité du système hydraulique et du traitement de l’eau de l’installation, le risque de contamination microbiologique apparaît cependant prédominant, quel que soit le type de baignade artificielle. Le niveau de risque est d’autant plus élevé lorsque la fréquentation est importante et le niveau d’hygiène faible.

L’Agence souligne dans ce rapport le besoin d’encadrer et d’accompagner le développement des baignades artificielles, par la mise en place d’un dispositif de gestion des risques sanitaires spécifique qui intégrerait notamment : 

  • la surveillance de paramètres microbiologiques spécifiques ; 
  • l’application de mesures d’hygiène strictes et la limitation du nombre de baigneurs par bassin ;
  • la rédaction d’un profil de vulnérabilité de la baignade et l’application d’un délai maximum de renouvellement de l’eau ;
  • le respect de prescriptions techniques minimales pour leur exploitation ;
  • l’inscription sur une liste d’autorisation de mise sur le marché des systèmes ou procédés de traitement ;
  • la mise en œuvre d’un dispositif de gestion des situations de non conformité ;
  • la mise en œuvre d’un dispositif de gestion d’une période transitoire dans l’attente d’une réglementation dédiée.

[1] Directive 2006/7/CE du Parlement européen et du Conseil du 15 février 2006 concernant la gestion de la qualité des eaux de baignade et abrogeant la directive 76/160/CEE.