La fièvre charbonneuse ou charbon
Qu’est-ce que la fièvre charbonneuse ?
La fièvre charbonneuse, aussi appelée charbon bactéridien ou anthrax, est due à la bactérie Bacillus anthracis. Elle affecte de nombreuses espèces de mammifères, principalement les herbivores (bovins, moutons, chèvres et chevaux) et certains oiseaux. C’est une maladie zoonotique : dans de très rares cas, elle peut se transmettre à l’être humain.
Lors de sa multiplication, la bactérie produit des toxines capables de neutraliser toute réponse immunitaire de l’hôte. Elle appartient à la liste des agents potentiels de bioterrorisme, du fait de sa capacité à persister longtemps sous forme de spores, et est listée dans l’Annexe A de la liste des microorganismes ou toxines hautement pathogènes.
Comment les animaux peuvent-ils être contaminés ?
Chez les ruminants, l’infection a lieu le plus souvent en broutant de l’herbe contaminée, en particulier dans les endroits proches de cadavres charbonneux ou par ingestion de fourrages récoltés sur des parcelles contaminées. La bactérie peut survivre dans la terre sous la forme d’une spore pendant de nombreuses années. Les spores peuvent remonter en surface notamment à la faveur d’épisodes de sécheresse suivies de précipitation abondantes, ou après des travaux de terrassement. En France, c’est une maladie généralement observée au cours de l’été, même si des cas des cas peuvent survenir à d’autres saisons, par exemple si du fourrage contaminé par des spores est distribué l’hiver. L’enfouissement au cours des siècles passés de cadavres d’animaux morts de charbon a contribué à la contamination de certains sols dits « champs maudits », notamment en Bourgogne, dans les Alpes et le Massif Central.
Comment la bactérie est-elle transmise à l’être humain ?
Plusieurs voies de contamination sont possibles pour l’être humain :
- L’une est cutanée, en cas de souillure de plaies ou de piqure accidentelle lors de la manipulation de carcasses, de denrées (viandes, abats) et de produits (peaux, poils, laines, cornes, os ou de cadavres) issus d’animaux infectés. Ces cas étaient historiquement rencontrés en Europe dans les professions en contact avec les animaux ou leurs produits (bouchers, ouvriers d’abattoirs et de tanneries, éleveurs, vétérinaires, etc.).
- Une contamination par inhalation des spores bactériennes en suspension dans les poussières est également possible.
- Enfin l’être humain peut également se contaminer par ingestion de viandes ou d’abats issus d’un animal malade ou mort du charbon, comme cela se produit encore actuellement dans certains pays en développement.
La fièvre charbonneuse est reconnue comme maladie professionnelle.
Quels sont les symptômes de la maladie chez les animaux ?
Chez les animaux, la fièvre charbonneuse se présente le plus souvent sous la forme de symptômes internes évoluant rapidement vers la mort, en particulier chez les ruminants, parfois sans aucun signe clinique. Les symptômes observés le plus souvent sont de la fièvre, une respiration difficile, une incoordination des mouvements, des convulsions, des écoulements sanguins par les orifices naturels et parfois des œdèmes. Dans certains cas, notamment chez les espèces les moins sensibles, comme le porc ou les carnivores, la maladie peut prendre une forme externe caractérisée par un œdème de la langue ou du pharynx, pouvant entraîner la mort par asphyxie.
Quelle est la gravité de la maladie chez l’être humain ?
Chez l’être humain, la forme la plus souvent rencontrée est l’infection par voie cutanée. Son évolution est généralement favorable, mais le décès peut néanmoins survenir chez 5 à 20 % des patients non traités. Les formes internes, viscérales, gastro-intestinales ou respiratoires, selon la voie d’entrée de la bactérie, provoquent une septicémie, c’est-à-dire une infection généralisée via le sang, qui est mortelle en l’absence de traitement. La forme respiratoire est la plus grave.
Quels sont les moyens de lutte ?
La prévention de la maladie chez les animaux est le principal moyen de lutte. Afin d’éviter la contamination des pâtures et des élevages, les cadavres d’animaux infectés ne doivent pas être autopsiés sur place et doivent être incinérés.
En cas de survenue d’un foyer de fièvre charbonneuse dans un élevage, les antibiotiques sont efficaces au stade précoce de la maladie. La vaccination est cependant le moyen le plus efficace pour limiter la propagation de la bactérie et est recommandée chez les animaux non malades dans les élevages atteints.
La réglementation exige que toutes les suspicions de fièvre charbonneuse animale soient déclarées aux directions départementales en charge de la protection des populations et fassent l’objet de prélèvements pour analyse en laboratoire.
Quel est le rôle de l’Anses sur la fièvre charbonneuse ?
L’unité Zoonoses bactériennes du Laboratoire de santé animale de l’Anses est laboratoire national de référence pour la fièvre charbonneuse. Il intervient systématiquement pour confirmer les suspicions de cas de fièvre charbonneuse chez l’animal. Par ailleurs, le Laboratoire d’hydrologie de Nancy de l'Anses réalise des analyses dans les eaux de boisson ou de loisir à la demande des autorités sanitaires.
Le séquençage du génome des bactéries prélevées est utilisé pour la réalisation d’enquêtes épidémiologiques visant à rechercher l’origine géographique des souches bactériennes et surveiller l’évolution des foyers au cours du temps.
Par ailleurs, l’Anses, à travers de l'Agence nationale du médicament vétérinaire, délivre les autorisations de mise sur le marché des vaccins et des antibiotiques utilisés contre la fièvre charbonneuse chez les animaux.
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