Canneberge et infections urinaires

Aucune confirmation de l’effet préventif de la canneberge sur l’infection urinaire, l’Anses reste attentive sur cette question

Les « infections urinaires » désignent un ensemble hétérogène d'infections survenant plus fréquemment chez la femme que chez l'homme. En effet, 40 à 50 % des femmes ont eu au moins une infection urinaire au cours de leur vie. La bactérie Escherichia coli (E. coli) est l'agent pathogène le plus fréquemment responsable de ce type d'infections chez la femme de 15 à 65 ans (80 % des cas). La possibilité d'utiliser la canneberge (ou cranberry en anglais) et des produits en contenant pour prévenir les infections urinaires est régulièrement évoquée. Diverses agences d'évaluation des risques ont évalué cette pratique tant dans le domaine de la nutrition que des produits de santé. L’efficacité de la canneberge dans la prévention des infections urinaires n’est à ce jour pas démontrée, mais l’Anses continue à suivre l'actualité scientifique sur cette question.

La question de l’utilisation de canneberge ou de produits en contenant afin de prévenir les infections urinaires est régulièrement posée.

Ainsi, entre 2003 et 2008, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) a évalué divers produits à base de canneberge revendiquant des allégations évoquant un lien direct entre consommation de canneberge et prévention des infections urinaires.

En 2008, l'Afssaps (désormais ANSM) a abordé cette question dans ses lignes directrices « Diagnostic et antibiothérapie des infections urinaires bactériennes communautaires chez l'adulte ».

Entre 2009 et 2013, l’Efsa a évalué diverses allégations faisant état de l’effet bénéfique de la consommation de produits contenant de la canneberge (boissons, fruits séchés) ou d’extraits de canneberge (compléments alimentaires) sur la fonction urinaire.

Toutes ces évaluations sont concordantes et indiquent que les produits à base de canneberge diminuent l'adhésion de certaines bactéries responsables d'infections urinaires sur les parois des voies urinaires.

Les études expérimentales montrent en effet que les produits à base de canneberge (jus, nectars de jus ou extraits) ou les urines de personnes ayant consommé ces produits inhibent l'adhésion de certaines bactéries E. coli aux cellules des voies épithéliales. Cet effet est lié à la présence, dans les produits à base de canneberge, de substances anti-oxydantes appelées proanthocyanidines (PAC) responsables de l'effet anti-adhésion.

Cependant, les données, notamment cliniques (suivi de patients), sont actuellement insuffisantes pour conclure que la consommation de canneberge ou de produits en contenant a un effet préventif sur les infections urinaires.

Le travail de l’Anses

Dans ce contexte, l'Agence a souhaité actualiser ses travaux, notamment pour déterminer si de nouvelles études permettaient de préciser l'effet de la consommation de canneberge sur la prévention des infections urinaires. Cette évaluation permet par ailleurs de préciser le cadre d'utilisation de l'allégation qu'elle a validée en 2003 et ainsi d'éviter toute utilisation abusive ou erronée.

Dans son avis, l'Anses a passé en revue 10 études parues depuis les avis précédemment émis. Ce travail réaffirme les conclusions qu'avait émises l'Agence par le passé.

L'Anses note que les essais cliniques évaluant l'effet de la consommation de canneberge présentent souvent des lacunes méthodologiques, en particulier des effectifs de sujets limités et/ou l'absence de placebo. Considérant l'intérêt potentiel que pourrait constituer la canneberge si son effet sur la prévention des infections urinaires était avéré, l'Anses continuera à suivre l'actualité scientifique de ce sujet.