Etiquetage nutritionnel : l’Anses évalue la faisabilité de la mise en œuvre du score de Rayner
Le Programme national nutrition santé (PNNS) prévoit de réduire, par des actions spécifiques, les inégalités sociales de santé dans le champ de la nutrition. Il prévoit notamment de « favoriser l’accessibilité à des aliments de bonne qualité nutritionnelle » et de poursuivre « des analyses visant l’amélioration de l’information du consommateur sur le plan nutritionnel afin de faciliter ses choix ».
Dans le cadre du règlement n°1169/2011 relatif à l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires, l’étiquetage nutritionnel pour 100 g ou 100 ml des teneurs en énergie, matières grasses, acides gras saturés, glucides, sucres, protéines et sel sera obligatoire sur les denrées alimentaires à partir du 13 décembre 2016.
Le Professeur Hercberg, Président du PNNS, dans un rapport intitulé « Propositions pour un nouvel élan de la politique nutritionnelle de santé publique » remis à la Ministre des affaires sociales et de la santé, préconise la mise en place d’un système d’information nutritionnelle à destination des consommateurs, qui pourrait être basé sur un score nutritionnel dit de Rayner, permettant de qualifier la qualité nutritionnelle des aliments.
L’Anses a été saisie le 23 avril 2014 par la Direction Générale de la Santé pour l’évaluation de la faisabilité technique du calcul de ce score nutritionnel défini par Rayner et al. (2005).
Le travail de l’Anses
Les données utilisées pour l’évaluation de la faisabilité du calcul du score nutritionnel proviennent des données d’étiquetage collectées dans le cadre de l’Oqali. Cette base de données gérée conjointement par l’Anses et l’INRA, a pour objectif de suivre, au cours du temps, la qualité nutritionnelle de l’offre alimentaire des produits transformés disponibles sur le marché français. A ce jour, la quasi-totalité des catégories de produits transformés a déjà fait l’objet d’un suivi par l’Oqali. La base de données de l’Oqali, intégrant notamment les valeurs nutritionnelles et les listes des ingrédients des produits, permet de tester la faisabilité du calcul du score nutritionnel à partir des données disponibles sur les emballages.
Sur cette base, le score nutritionnel, défini par Rayner et al., a ainsi pu être calculé pour plus de 12 000 références de produits transformés, issues de 23 groupes d’aliments différents et réparties en 439 familles.
En complément, l’utilisation des données de composition nutritionnelle de la table Ciqual, représentative des aliments génériques consommés en France a permis de positionner les produits non transformés (huiles, beurres, eaux, fruits et légumes, viandes, etc.), ainsi que les produits transformés non disponibles dans la base de données de l’Oqali, dans la distribution de ce score nutritionnel. Près de 500 aliments génériques ont ainsi été étudiés en complément des références suivies par l’Oqali.
Les conclusions et recommandations de l’Agence
Le travail réalisé et les seuils présentés ont été estimés, sur la base d’un cahier des charges proposé par la Direction générale de la santé, dans le seul objectif de tester la faisabilité et le pouvoir discriminant du score, sans considérer la finalité de l’utilisation d’un tel score dans le cadre d’un affichage nutritionnel.
D’après les travaux menés, la mise en œuvre du score nutritionnel dit de Rayner semble techniquement faisable même si certaines données nécessaires au calcul du score ne sont pas toujours présentes sur l’étiquetage. L’Anses indique de plus que ce score nutritionnel apparaît insuffisamment discriminant pour certaines catégories d’aliments (boissons rafraîchissantes sans alcool, matières grasses, fromages, compotes, chocolats et produits chocolatés,…).
On soulignera également que le travail del’Anses n’a pas viséà apprécier la pertinence de l’utilisation de cet outil en matière d’étiquetage nutritionnel, sa capacité à informer le consommateur, ou à induire des évolutions de comportements ou de l’offre alimentaire et ainsi sa pertinence globale en matière de santé publique.