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La fièvre catarrhale ovine (FCO), ou Bluetongue en 5 questions

Maladie virale qui touche les ruminants, la fièvre catarrhale ovine n’affecte pas les Hommes ni les denrées alimentaires. Transmise par un moucheron, elle peut engendrer d’importantes pertes économiques dans le domaine de l’élevage. La vaccination est le moyen de prévention le plus efficace mais représente un coût élevé. Profil de la maladie et tour d’horizon des travaux de l’Anses, acteur majeur pour lutter contre ce virus.

1/ Qu’est-ce que la fièvre catarrhale ovine ?

La fièvre catarrhale ovine (FCO), également appelée maladie de la langue bleue ou en anglais « Blue tongue » (BT), est une maladie virale touchant majoritairement les moutons et peut également affecter les bovins, les chèvres et d'autres ruminants sauvages. Le virus responsable de la FCO est un Orbivirus de la famille des Reoviridae.Il existe 27 types différents de ce virus appelés sérotypes et le pouvoir pathogène du virus varie considérablement d’une souche à l’autre. C’est une arbovirose car elle est transmise d'un animal infecté à un autre par une piqûre d'un moucheron du genre Culicoïdes

Le saviez-vous ?

La fièvre catarrhale du mouton est une maladie répertoriée dans la liste des maladies du Code sanitaire pour les animaux terrestres de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) et doit à ce titre faire l’objet d’une déclaration obligatoire auprès de l’OMSA. Son apparition sur un territoire entraîne des restrictions commerciales sévères qui concernent les animaux des espèces sensibles à la maladie (ovins, bovins, caprins principalement) et leur semence, ovules et embryons.

2/ Comment se manifeste la fièvre catarrhale ovine ?

Cette maladie strictement animale n’affecte pas l’Homme et n’a aucune incidence sur la qualité sanitaire des denrées issues des animaux malades : viande, lait, etc. Les symptômes sont les mêmes pour les sérotypes 1, 8 et 4 : fièvre, troubles respiratoires, salivations, œdème de la face, cyanose de la langue. La maladie peut aussi être asymptomatique. Certains sérotypes provoquent des retards de croissance chez les animaux malades, la mort de certains animaux et des avortements chez les femelles infectées, entraînant d'importantes pertes économiques pour les éleveurs. 

3/ Où est présente la fièvre catarrhale ovine ?

Initialement présente en Afrique, la FCO s’est étendue progressivement vers le Nord depuis plusieurs décennies, probablement en raison du réchauffement climatique et des échanges commerciaux internationaux. En effet, la transmission de cette maladie ainsi que son extension géographique sont étroitement liées à la présence des populations de moucherons piqueurs appelés culicoïdes, qui jouent le rôle de vecteurs et dont le développement est favorisé par des températures élevées. La maladie est aujourd’hui présente sur tous les continents, à l’exception de l’Antarctique.

En 2006, elle a fait son apparition dans le Nord de l’Europe : Allemagne, Belgique, Pays-Bas et s'est ensuite très vite diffusée à la France. Jusqu’en 2010, l’Europe du Nord-Ouest a vécu plusieurs épizooties de fièvre catarrhale ovine provoquée par le sérotype 8 (ou BTV-8, pour bluetongue virus) et le sérotype 1. Après une campagne de vaccination obligatoire avec des vaccins inactivés contre les sérotypes 1 et 8, la France a recouvré un statut indemne en 2012. En 2015, le Laboratoire nationale de référence de l’Anses (laboratoire de santé animale) a détecté à nouveau un virus de sérotype 8 dans le centre de la France qui s’est répandu ensuite sur tout le territoire. En 2017, le LNR  a détecté un virus de sérotype 4 qui a fini lui aussi par infecter la France continentale. En 2020, la France est officiellement infectée par les deux sérotypes 4 et 8.

4/ Quels sont les moyens pour prévenir et lutter contre les virus de la FCO ?

La mesure de lutte la plus efficace connue à ce jour est la vaccination. Parallèlement aux mesures sanitaires mises en place, les campagnes de vaccination à virus inactivés dirigés contre les sérotypes 1 et 8, sur le territoire continental français au printemps 2008, jusqu’à l’automne 2010 ont permis de ralentir la maladie en France. Ensuite, à partir de 2015, la réapparition des deux sérotypes (8 en 2015) et 4 en 2017) n’a pas pu être maîtrisée par la vaccination faute de vaccins inactivés disponibles en quantités suffisantes.

5/ Quel est le rôle de l’Anses pour éviter la propagation de la FCO ?

Depuis 2011, l’Anses a développé une expertise dans le domaine de la FCO. Se basant notamment sur les compétences disponibles, les structures dédiées et l’expérience acquise, l'Agence a mis en œuvre un ensemble de travaux permettant de faire face aux besoins en matière de diagnostic, de surveillance épidémiologique, de vaccinologie.

Travaux de recherche en cours sur la FCO 

  • caractérisation moléculaire des souches de FCO sérotype 4 et 8 isolées depuis leur émergence ;
  • nouvelle approche pour la surveillance de la FCO et de l’EHDV (un virus proche du virus de la FCO) dans le bassin méditerranéen ;
  • production de protéines recombinantes afin d’évaluer leur propriété antigénique et leur utilisation comme antigènes pour des tests ELISA spécifiques des sérotypes 4 et 8 du virus de la FCO ;
  • enquête dans les régions d’outre-mer afin de déterminer la présence des virus de la FCO et de l’EHD et caractérisation des souches isolées ;
  • développement de rtRT-PCR Haut débit pour la détection et le typage des deux orbivirus (BTV et EHDV) ;
  • étude de la pathogenèse des orbivirus au travers de la recherche de partenaires cellulaires ;
  • rôle de la voie interféron dans les mécanismes de restriction d’hôtes.

Évaluation des risques liés à la FCO 

L'Agence est régulièrement sollicitée par le Ministère chargé de l’Agriculture pour analyser la situation sanitaire, pour évaluer les risques liés à la FCO et pour proposer et évaluer des évolutions des mesures de surveillance et de lutte, à l'échelle nationale et parfois locale. Ses avis ont permis d'identifier un certain nombre de besoins de recherche visant à une meilleure évaluation du risque et une meilleure maîtrise de la diffusion du virus. Plusieurs recommandations relatives à la surveillance, aux mesures de lutte et de prévention ont également été formulées. Suite au début d'épizootie de FCO à BTV1 apparu en Corse début septembre 2013, un groupe d'expertise collective d'urgence (Gecu) a été créé pour répondre à des questions de la DGAl portant sur l'évaluation de mesures de gestion des foyers de FCO.

Laboratoire national de référence pour le diagnostic de la FCO

Le laboratoire Anses de santé animale de Maisons-Alfort assure le diagnostic virologique (détection du génome viral par PCR, typage, isolement viral) ainsi que le diagnostic sérologique.

Dans le cadre de ses activités de référence, le laboratoire de santé animale de Maisons-Alfort développe des techniques de diagnostic par PCR et anime le réseau des laboratoires vétérinaires départementaux pour le diagnostic moléculaire. La technique de PCR en temps réel, développée au laboratoire, a ainsi été décentralisée dans 65 LVD. En collaboration avec trois industriels, le LNR a également participé au développement et à la validation de trousses commerciales pour la PCR quantitative (PCRq) afin d'assurer une diffusion rapide des kits de diagnostic dans les laboratoires départementaux agréés. Le LNR FCO de l’Anses participe au réseau animé par le Laboratoire Communautaire de référence pour la FCO hébergé par le laboratoire d’Algete en Espagne.

L’Anses est également fortement engagée dans la Plateforme nationale de surveillance épidémiologique en santé animale, qui s’assure de l’adéquation entre les dangers sanitaires présents ou qui menacent le territoire et les dispositifs mis en place pour surveiller ces dangers. 

Évaluations et autorisations des vaccins contre la FCO

L'Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) évalue et le cas échéant délivre les dossiers nationaux et européens d'autorisation de mise sur le marché (AMM) de l'ensemble des médicaments vétérinaires. Actuellement, les quatorze vaccins disposant d'une AMM sont des vaccins inactivés contenant un seul sérotype (sérotype 1 ou 8) ou deux sérotypes (sérotypes 1-8 ou 2-4). Ils sont destinés aux bovins et/ou aux ovins et permettent de prévenir ou de réduire la virémie et dans certains cas, de réduire les signes cliniques causés par le virus de la FCO.

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