Le nématode du pin, un danger pour les conifères
Qu’est-ce que le nématode du pin ?
Le nématode du pin est un ver microscopique qui attaque certains conifères, essentiellement des pins. Une fois entrés dans les arbres et quand les conditions leurs sont favorables, les nématodes se multiplient et bloquent ainsi la montée de la sève. Lorsqu’ils dépérissent, les arbres rougissent, perdent leurs aiguilles et peuvent mourir en quelques semaines. Originaire d'Amérique du Nord, le nématode du pin s’est étendu en Asie avant d'être introduit en Europe. Il est présent au Portugal depuis 1999 et de façon localisée en Espagne depuis 2008. Un premier foyer a été détecté et confirmé en France le 03 novembre 2025 dans les Landes. Les nématodes se propagent d’arbre en arbre par le biais d’insectes vecteurs comme le coléoptère Monochamus galloprovincialis qui est présent dans toutes les régions de France hexagonale. L’insecte devient porteur du nématode lorsque la larve se développe dans un arbre contaminé. Il transporte ensuite les nématodes d’un arbre à l’autre lors de son alimentation ou de la ponte.
Quel est le risque de contamination ?
La diffusion de l’organisme nuisible est principalement liée au transport de bois ou de végétaux. Des emballages de bois et écorces contaminés ont été découverts pour la première fois en France en 1992 puis de façon récurrente depuis 2000.
Les Landes est une zone à risque car il présente plusieurs facteurs favorables à la propagation du parasite : des conditions climatiques permettant l’expression des symptômes de dépérissement des arbres, la présence de l’insecte vecteur et une surface forestière composée d’espèces de pins maritimes sensibles au nématode.
Le risque de propagation de la maladie à partir d’un foyer est lié à la capacité de l’insecte vecteur à transmettre le nématode d’arbre en arbre et dépend :
- de la nature des produits et sous-produits issus de l’exploitation forestière et notamment de leurs dimensions ;
- du devenir de ces matériaux : stockage plus ou moins prolongé et transport ;
- de la période considérée : pendant ou hors période de vol de l’insecte vecteur.
Quelles sont les mesures à prendre en cas de détection d’un foyer de nématode de pin ?
En cas de détection du nématode du pin, la législation de l’Union européenne prévoit que des mesures de gestion obligatoires soient appliquées. Ces mesures visent à limiter le risque de dissémination du nématode du pin et de son insecte vecteur. La Direction générale de l’Alimentation coordonne avec ses délégations régionales la mise en place du plan national d’urgence sanitaire. Une coupe rase peut être mise en place autour des arbres infestés et peut atteindre un rayon jusqu’à 500 m. D’autres mesures sont aussi organisées dans un rayon de 20 km autour du foyer. Elles comprennent en autres, l’interdiction d’exploitation forestière et le transport de bois, couplé à une surveillance active des arbres présents.
Le Rôle de l’Anses sur le nématode du pin
Laboratoire de référence aux niveaux national et européen
L’unité de nématologie du Laboratoire de la santé des végétaux de l’Anses à Rennes est laboratoire national et européen de référence pour l’identification du nématode du pin. À ce titre, il travaille depuis plus de 25 ans pour développer des méthodes innovantes de détection afin d’assurer une surveillance renforcée des territoires. Chaque semaine, le laboratoire supervise ou réalise des analyses sur les échantillons de bois prélevés dans les ports, forêts, usines ainsi que des prélèvements d’insectes-vecteurs.
Trois expertises pour anticiper la menace des nématodes du pin
Saisie par le ministère en charge de l’agriculture, l’Anses a mené des expertises afin d’évaluer le risque d’introduction et d’établissement du parasite ainsi que pour recommander des mesures de gestion des bois à appliquer en France.
Dispositifs de transport, stockage et traitement des bois ou écorces sensibles au nématode du pin en cas de déclaration de foyer de nématode du pin
Suite aux violents incendies de forêts en 2017, le Portugal a demandé dans le cadre de la réglementation européenne, de pouvoir autoriser la sortie du pays des bois symptomatiques : arbres sensibles qui sont morts, ou dépérissant, ou qui ont subi des tempêtes ou des incendies, ou contaminés par le nématode du pin, sous forme de plaquettes. Dans ce contexte, l’Anses a évalué le risque de dissémination du nématode du pin et de son vecteur à partir de tous les matériaux issus de la transformation du bois en forêt, de leur stockage en forêt à leur transformation finale.
Sur la base des connaissances scientifiques actuelles, l’Agence a déterminé des mesures de contrôle ou de prévention phytosanitaires à appliquer aux différents produits et sous-produits forestiers en fonction de leur devenir et de la période de l’année :
- en période de vol des adultes de l’insecte vecteur M. galloprovincialis, du 1er avril au 31 octobre, seuls les broyats et/ou les plaquettes inférieurs en dimensions à 3 x 3 x 3 cm peuvent être laissés sur place sans risque de développement de l’insecte. Seules les plaquettes, à vocation commerciale, sont ensuite transportées. Si elles sont stockées pendant moins de 48h, elles ne nécessitent pas de traitement en forêt mais doivent ensuite être transportées de manière sécurisée afin d’éviter l’attraction et le transport d’insectes vecteurs adultes. Les autres produits d’exploitation, qui ne font pas l’objet de broyage ou déchiquetage en forêt, doivent être protégés de la même façon que les plaquettes, en tenant compte des conditions de stockage en forêt qu’elles soient courtes (<48h) ou longues. L’ensemble des produits d’exploitation stockés hors forêt dans des sites dédiés ou dans des sites industriels de transformation doivent continuer à être protégés pour prévenir l’émergence de jeunes adultes ou les infestations par des adultes matures de M. galloprovincialis ;
- en dehors de la période de vol des adultes de l’insecte, du 1er novembre au 31 mars, aucun traitement en forêt n’est nécessaire car les produits et sous-produits d’exploitation ne peuvent, par principe, attirer ces insectes. Les traitements ne sont donc à appliquer que dans les aires ou sites de stockage, si celui-ci perdure au-delà de la période hivernale.
Des mesures existent pour empêcher les étapes clés du développement de l’insecte vecteur qui favorisent le risque de dissémination du nématode, à savoir l’attraction et la ponte ou le vol. Toutefois, ces mesures restent expérimentales ou ne sont pas autorisées en France. Des recherches scientifiques et/ou des développements technologiques sont donc nécessaires pour envisager des solutions techniques réalistes à l’échelle de l’exploitation forestière. Celles-ci devront garantir qu’un stockage et/ou un transport de matériaux issus d’essences sensibles au nématode du pin et à son insecte vecteur sans risque. Il s’agit par exemple, de l’utilisation de filets protecteurs imprégnés d’insecticide ou le traitement thermique des produits et sous-produits d’exploitation forestière.
Espèces susceptibles de favoriser la multiplication du nématode du pin
L’Agence a également évalué la sensibilité des espèces végétales au nématode du pin et son insecte vecteur. Les principales espèces végétales hôtes pour le nématode du pin appartiennent au genre Pinus, mais la liste des espèces végétales sensibles comprend d’autres conifères des genres Abies, Cedrus, Larix… Actuellement, il n’existe pas d’espèces de pin implantées en Europe qui soit résistante au nématode du pin mais certaines sont moins favorables à sa multiplication.
Dans le cas de détection d’un foyer de nématodes, il est recommandé :
- d’éliminer en priorité les essences sur lesquelles le nématode est capable de se multiplier : pin maritime, pin sylvestre, pin noir, pin radiata, probablement pin d’Alep et pin taeda ;
- de produire des plaquettes d’essences sensibles dont toutes les dimensions sont inférieures à 3 cm afin d'éviter qu'elles n'hébergent des larves de l'insecte vecteur.
Gestion des écorces de pin potentiellement contaminées par le nématode du pin
En 2018, suite à la découverte d’écorces contaminées par le nématode du pin en provenance du Portugal et destinées à la vente en France, l’expertise de l’Anses a porté sur la gestion du risque que représentent les écorces de pins sensibles au nématode.
L’Agence concluait que la plantation de jeunes plants de pins sensibles, notamment de pin maritime en forêt augmente le risque d’établissement du nématode en France. De plus, la présence de blessures sur les racines et leur contact étroit avec un compost contaminé constituent des conditions favorisant le risque de transmission directe du nématode.
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