BPCO : une maladie respiratoire au lien avéré avec de multiples expositions professionnelles
20/11/2025
Expertise
4 min

BPCO : une maladie respiratoire au lien avéré avec de multiples expositions professionnelles

La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est l’une des principales maladies respiratoires dans le monde. Encore largement sous-diagnostiquée, elle est souvent associée au tabagisme. De nombreux professionnels de divers secteurs sont pourtant exposés à des polluants dans l’air potentiellement responsables de cette maladie. L’expertise de l’Anses établit un lien avéré entre les expositions professionnelles aux vapeurs, gaz, particules, fumées et le développement de cette maladie grave. Face à la variété des polluants et des travaux susceptibles de provoquer la maladie, l’Agence recommande la mise en discussion de la création d’un tableau unique de maladie professionnelle pour la BPCO afin de faciliter les démarches de reconnaissance des assurés.

Un lien avec le travail sous-estimé

La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) représente aujourd'hui la quatrième cause de décès dans le monde. Elle se manifeste par des symptômes respiratoires persistants et chroniques : essoufflement progressif, toux, infections respiratoires à répétition. L’évolution de la maladie se caractérise ensuite par un déclin accéléré de la fonction respiratoire et l'apparition d’autres affections concomitantes comme des infections pulmonaires ou des problèmes cardiaques. 

En raison de sa progression insidieuse et lente, cette maladie est fortement sous-diagnostiquée. Les patients consultent souvent tardivement lorsque leur capacité respiratoire est déjà significativement altérée. 

Le tabagisme, y compris passif, est le principal facteur de risque identifié. Hors tabac, plusieurs études scientifiques estiment à environ 15 % la part des BPCO d’origine professionnelle et certains secteurs agricoles et industriels sont ainsi associés à un risque accru de survenue de cette pathologie. 

Un lien avéré avec l’exposition aux vapeurs, gaz, particules ou fumées

L'Anses a évalué le lien entre la BPCO et les VGPF (vapeurs, gaz, particules ou fumées), un indicateur global utilisé dans les études épidémiologiques qui permet de regrouper une grande variété de polluants. 

Elle a identifié de nombreuses études sur des travailleurs qui montrent que la BPCO peut être causée par l’inhalation de polluants émis dans l’air : particules minérales (silice, charbon...), particules organiques (végétaux, moisissures...), gaz, vapeurs et fumées. Ces expositions peuvent également, en combinaison avec le tabagisme, augmenter les risques de développer la maladie ou aggraver les symptômes chez les personnes déjà atteintes. 

Au terme de son expertise menée sur les données existantes, l’Agence conclut à une relation causale avérée entre l'exposition professionnelle aux VGPF et le développement de la BPCO. Ce résultat constitue un argument scientifique en faveur de la création de tableaux de maladies professionnelles.

Des expositions professionnelles multiples

Ces particules, vapeurs, fumées proviennent de réactions thermiques ou chimiques, d’action mécaniques ou de combustion de matériaux. Les métiers exposés concernent de multiples secteurs : mines et carrières, bâtiment et travaux publics, fonderies, sidérurgie, cokeries, industries textile et chimique, secteur agricole. L’importante liste de travaux exposant aux VGPF établie par l’Anses illustre la réalité des expositions multiples et de tous les polluants auxquels les professionnels sont exposés. 

Vers un tableau unique pour faciliter les démarches de reconnaissance

Actuellement, il existe différents tableaux de maladies professionnelles concernant la BPCO. Certains sont anciens et restrictifs, ou limités à des métiers précis qui n’existent parfois plus, ou à des particules trop spécifiques par rapport à la réalité de connaissances scientifiques. 

La multiplication des tableaux en lien avec une même pathologie complexifie les démarches de reconnaissance, pour les assurés et les médecins qui les suivent, du fait de l’hétérogénéité des désignations et des délais de prise en charge mentionnés dans chacun des tableaux. L’Agence avait déjà établi ce constat dans son expertise sur la mise à jour des tableaux existants. C’est pourquoi l’Anses recommande la mise en discussion de la création d’un tableau unique, reprenant les éléments pertinents des tableaux existants pour cette maladie et d’y inclure la liste des travaux exposants aux VGPF identifiés dans cette expertise. 

A la veille de la journée mondiale de la BPCO, l'Agence recommande plus largement de sensibiliser le public à cette pathologie et de déployer le dépistage de la BPCO aussi bien lors des consultations de médecine du travail que dans celles de médecine générale, afin de réduire le sous-diagnostic et de prévenir l’aggravation de cette maladie par une prise en charge plus précoce.