Maladies

Conséquences des modifications climatiques sur les maladies animales

Travaux de l’Anses

Le réchauffement climatique risque-t-il d'entraîner l'apparition ou le développement de maladies animales? Saisie sur cette question, l’Agence a cherché à identifier et hiérarchiser les maladies animales, en particulier transmissibles à l’homme, dont l'évolution sur le territoire de la France métropolitaine dans les prochaines années pourrait être modifiée par un réchauffement climatique éventuel. Six maladies à surveiller particulièrement ont ainsi été identifiées.

Les changements climatiques, dont le réchauffement de la terre, sont devenus au fil du temps une réalité de moins en moins contestable. Même si les cycles des agents pathogènes sont généralement très complexes, on conçoit facilement qu'ils puissent être affectés par des modifications de climat. Ceci est particulièrement vrai pour les maladies dont l’agent passe par une phase dans l’environnement, vecteur ou milieu ambiant. Sans imputer aux changements climatiques tout événement inhabituel, il convient de ne pas négliger les impacts possibles en évaluant les risques.

C'est pourquoi, en septembre 2003, le ministère de l'Agriculture a demandé à l'Agence de procéder à l'identification des différentes maladies animales, en particulier zoonotiques, dont l'évolution sur le territoire de la France métropolitaine dans les prochaines années pourrait être modifiée par un réchauffement climatique éventuel, et de les hiérarchiser selon les risques qu'elles pourraient présenter pour la santé publique, l'économie de l'élevage, ainsi que selon le degré de probabilité de leur occurrence. 

Six maladies à observer en priorité

Bien qu'il soit illusoire de prétendre prévoir avec précision quelles répercussions auront les modifications du climat sur l'évolution des maladies animales déjà connues, les experts de l'Agence, à l'issue d'un processus de hiérarchisation des risques, ont cependant identifié six maladies comme étant susceptibles d'être les plus affectées par les modifications climatiques : la fièvre de la vallée du Rift, l'infection à virus West Nile, la leishmaniose viscérale, les leptospiroses, la fièvre catarrhale ovine et la peste équine.

Pour chacune d'entre elles, l'Agence a émis, en complément des mesures générales, des mesures particulières relatives à une meilleure connaissance des réservoirs et des vecteurs de ces maladies. 

Développer la recherche et renforcer les collaborations 

Une gradation des mesures à préconiser dans les domaines de la veille sanitaire, de la veille écologique, de l'alerte et de la surveillance active est également proposée en fonction de l'existence de ces maladies sur le territoire ou du risque de leur introduction, de leur installation et de leur diffusion. 

L'Agence conseille également une mise en réseau des actions de recherche pour une meilleure prise en compte des maladies, en particulier celles qui n'existent pas en France mais qui présentent un risque important d'introduction (par exemple, la fièvre de la vallée du Rift). Elle permettrait aussi la mise en place d'une concertation entre pays européens et pays tiers sur les problèmes de santé liés à l'environnement.

Les axes de recherche à développer sont nombreux. Cependant, les plus prioritaires se situent dans les domaines de l'infectiologie, de l'éco-épidémiologie, en particulier l’étude des vecteurs et des sciences humaines et sociales, notamment l'étude des comportements des populations humaines (résistances culturelles lors de l'éducation sanitaire pour diminuer les risques infectieux, par exemple).

Le manque de compétences dans le domaine de l'écologie, et surtout de l'entomologie, a également été déploré par les experts, qui ont souligné le besoin de les renforcer. 

Mieux informer sur les risques 

Toutes ces actions doivent être accompagnées d'un développement de l'éducation sanitaire tant du grand public que des professionnels de santé. Une information sur la ou les maladies en progression ou apparues sur le territoire français devra être diffusée. Celle-ci devra apporter tous les éléments objectifs permettant une maîtrise du risque dès lors qu'il est correctement évalué. Elle exposera aussi les mesures de lutte, leur efficacité et leurs limites éventuelles.

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