Zoonoses : des projets du programme Prezode se penchent sur les transmissions par les moustiques et les rongeurs
Pour mieux anticiper et prévenir de futures zoonoses, deux projets de recherche coordonnés par l’Anses ont débuté il y a quelques mois dans le cadre du PEPR (Programmes et équipements prioritaires de recherche) Prezode (Preventing Zoonotic Disease Emergence), financé par l’Agence nationale de la recherche dans le cadre de la stratégie France 2030. Ce programme vise à accroître les connaissances sur l'émergence des zoonoses afin de mettre en place des stratégies adaptées de prévention et de surveillance épidémiologique.
Instead : Mieux surveiller et détecter les virus West Nile et Usutu transmis par les moustiques
Le projet Instead se concentre sur deux virus transmis par les moustiques du genre Culex : le virus West Nile (ou virus du Nil occidental) et le virus Usutu. Originaires d’Afrique, ces deux virus touchent principalement les oiseaux mais peuvent être transmis aux mammifères, notamment l’être humain et les chevaux. Le virus Usutu a été détecté pour la première fois en France en 2015. Le virus West Nile, présent dans le sud de la France depuis les années 1960, était jusqu’à récemment à l’origine de cas humains et chevaux uniquement dans les régions méditerranéennes. Toutefois, le risque s’est récemment étendu sur le territoire au-delà de cette zone géographique, avec des infections chez l’humain et le cheval qui ont été signalées en 2022 pour la première fois en Nouvelle-Aquitaine, et plusieurs cas humains et chevaux signalés en Ile-de-France à l’été 2025.
Le projet réunit 17 laboratoires français issus des domaines de la santé humaine, animale et environnementale. Il poursuit plusieurs objectifs :
- développer des méthodes de détection innovantes pour identifier précocement le virus dans l’environnement dont les eaux stagnantes, les zones de vie des oiseaux ou les plumes et les fèces, ainsi que chez les moustiques,
- mettre en place un système de surveillance et de gestion impliquant les différents acteurs en santé humaine, animale et environnementale et adapté aux problématiques de chaque région,
- mieux comprendre comment le virus se transmet et identifier de nouvelles espèces hôtes sentinelles.
Ratswim : Les eaux usées pour surveiller les agents pathogènes portés par les rongeurs
Le second projet, Ratswim, s’intéresse aux virus et bactéries portés par les rongeurs vivant à proximité des zones habitées, ainsi qu’aux risques qu’ils représentent pour la santé humaine.
Les rongeurs hébergent une grande diversité d’agents pathogènes, transmissibles à l’être humain via la contamination de l’environnement. Ce projet cible des virus et des bactéries zoonotiques présentant un risque élevé d’émergence ou de réémergence, parmi lesquels :
les poxvirus, dont fait partie le virus Monkeypox (anciennement variole du singe),
les bactéries du genre Leptospira, responsables de la leptospirose, dont le taux d’incidence en France est l’un des plus élevés d’Europe,
le virus de l’hépatite E du rat, occasionnellement responsable d’hépatite E humaine.
Un des objectifs principaux est d’évaluer si les eaux usées peuvent permettre de détecter ces pathogènes. Cette approche, déjà utilisée pour surveiller la circulation du Sars-CoV-2 chez les humains, permettrait de remplacer les méthodes actuelles reposant sur la capture d’un nombre limité d’animaux, ce qui rendrait la surveillance plus efficace. Le projet cherche également à comprendre si les eaux usées peuvent contribuer à la contamination des rongeurs. Pour cela, des tests in vitro seront réalisés pour mesurer la capacité d’infection des virus détectés dans les eaux usées.
Plusieurs laboratoires de l’Anses sont également impliqués dans le projet Hodas, qui explore l’utilisation des données populationnelles pour améliorer la surveillance. Ce projet porté par Inrae vise à renforcer la détection précoce des pathogènes zoonotiques en centrant la surveillance sur les populations animales facilitant leur émergence.