microplastiques

Un cocktail de microplastiques dans notre alimentation

L’eau est loin d’être le seul aliment dans lequel on a retrouvé des microplastiques. Du lait aux coquillages en passant par les fruits et les légumes, leur présence dans notre environnement est omniprésente. Si les conséquences sur notre santé ne sont pas encore connues, des études sur les animaux laissent penser que leur ingestion pourrait impacter le bon fonctionnement de l’intestin.

Les microplastiques sont des particules de plastique dont la taille est comprise entre 5 millimètres et quelques centaines de nanomètres, soit 70 fois plus petit que l’épaisseur d’un cheveu. Ils peuvent être produits intentionnellement ou issus de la fragmentation de particules de plus grande taille (macroplastiques). Il est important de souligner que les microplastiques sont présents sous différentes formes (fragments, fibres, billes, films etc.). Ils peuvent être composés avec plus de vingt polymères différents (polyéthylène, polypropylène, polystyrène, etc.) incluant des additifs (plastifiants, antioxydants, retardateurs de flamme, colorant).  Ils sont ubiquitaires c’est-à-dire qu’on les trouve dans tous les compartiments de l’environnement (eau, terre, air) mais aussi dans notre environnement quotidien (alimentation, objets, contenants, etc.). Ces particules s'accumulent dans les écosystèmes, même dans les habitats les plus reculés, comme les fonds marins, ou l’Antarctique, et sont transférées dans les chaînes alimentaires, ce qui conduit inévitablement à leur ingestion involontaire par l’être humain. De plus, certains emballages (gobelets, gourdes, boites alimentaires, etc.) et processus de cuisson des aliments ajoutent une contamination en microplastiques supplémentaire à notre nourriture.

Des méthodes de caractérisation des microplastiques en cours de développement

Par habitude, de nombreux matériels à usage unique en plastique sont utilisés dans les laboratoires. Par conséquent, pour mener les travaux de recherche sur le sujet des microplastiques, il a fallu changer les habitudes de travail, adapter les équipements et repenser les environnements de travail.

Plusieurs méthodes peuvent être utilisée pour caractériser les plastiques. La plus simple utilise un colorant, le Nile red, permet de savoir si les particules observées sont bien du plastique ou non. D’autres méthodes plus complexes, utilisant des équipements d’infra-rouge, de Raman ou de chromatographie gazeuse, permettent d’identifier le type de polymère voire les additifs contenus dans la particule. Les processus analytiques doivent être adaptés aux domaines d’études : sédiments marins, eau, air ou aliments.  

Des microplastiques retrouvés dans de nombreux aliments  

Ainsi, les microplastiques ont été détectés dans nombre d’aliments, incluant l'eau potable, le lait, les boissons de consommation courante (sodas, boissons énergisantes, thé, bière, etc.), les sels de table, le miel, les fruits de mer et les fruits et légumes, mais également dans les biberons, les sachets de thé et les gobelets jetables. Des travaux de l’Anses ont confirmé la présence de microplastiques dans des moules et des coques.

La preuve irréfutable de l’ingestion de microplastiques par l’Homme vient de deux études (publiées dans Annals of internal medicine et Science of The Total Environment) qui ont recherché leur présence dans les selles humaines : des microplastiques ont été détectés systématiquement dans tous les échantillons testés. Par ailleurs, une autre étude a mis en évidence la présence de microplastiques dans le corps humain au niveau du placenta.

Des dysfonctionnements intestinaux constatés chez les animaux  

De nombreuses données montrent que l'ingestion de certains microplastiques entraîne une dysbiose, c’est-à-dire un déséquilibre du microbiote, et un dysfonctionnement intestinal chez plusieurs animaux, essentiellement des poissons et des coquillages. Des données récentes suggèrent que ces effets toxiques sur le microbiote et l’épithélium intestinal pourraient également atteindre des mammifères, suite à l’ingestion de certains types de microplastiques. Il faut souligner que ces travaux de recherche n’ont exposé ces animaux qu’à un seul type de polymère. Aucune étude ne s’est intéressée jusqu’à ce jour au cocktail de microplastiques qui contaminent notre alimentation. De plus, il n’existe aucune étude déterminant les effets de l’ingestion de microplastiques sur l’Homme, que ce soit sur les tissus intestinaux humains ou son microbiote.

Guillaume

 

Guillaume Duflos est chef de l’unité Physico-chimie des produits de la pêche et de l’aquaculture, au laboratoire de sécurité sanitaire des aliments.