Exposition des travailleurs agricoles aux pesticides : l’Anses publie un rapport bibliographique et lance un appel à contributions
Différentes études épidémiologiques réalisées auprès de populations du secteur agricole mettent en évidence une relation significative entre les expositions à certains pesticides et certaines pathologies. L’Anses s’est donc autosaisie en 2011 afin d’identifier, évaluer et caractériser les expositions des travailleurs agricoles aux pesticides, ceci en vue de proposer des actions permettant de les réduire. L’Agence publie aujourd’hui un rapport bibliographique qui met en évidence le déficit de données sur les expositions aux pesticides des travailleurs agricoles en France. Dans ce contexte, l’Agence lance un appel à contributions complémentaires.
Différentes études épidémiologiques conduites en Europe et dans d’autres régions du monde auprès de populations du secteur agricole mettent en évidence des relations entre les expositions à certains pesticides et certaines pathologies. L’Anses s’est donc, dès sa création, intéressée à la question des expositions aux pesticides des travailleurs agricoles, et s’est autosaisie afin de proposer des actions permettant de les réduire.
Pour atteindre cet objectif, cohérent avec les actions spécifiques déclinées dans les Plans nationaux santé-environnement 2009-2013, santé-travail 2010-2014 et Ecophyto 2018, l’Agence a organisé ses travaux autour de quatre axes :
- décrire la population des travailleurs agricoles potentiellement exposée aux pesticides selon les différents systèmes de production et les filières ;
- identifier les situations professionnelles à l’origine des expositions aux pesticides ;
- rassembler et analyser les connaissances disponibles en matière de niveaux d’exposition pour les situations identifiées ;
- mettre en perspective les niveaux d’exposition avec les données sanitaires.
Les résultats finaux sont attendus début 2015.
Première étape de ce travail, le rapport publié ce jour répertorie les données disponibles dans la littérature scientifique sur l’exposition des travailleurs agricoles aux pesticides en France.
La complexité de la question posée nécessite à la mobilisation de disciplines très variées, qui apportent des éclairages différents mais complémentaires. Cependant, rares sont les expertises qui associent des disciplines aussi diverses que la toxicologie, l’épidémiologie, l’expologie, l’ergonomie, les sciences humaines et sociales et l’économie.
Une méthode de revue systématique de la littérature scientifique a donc été développée par les experts et les publications scientifiques ont été classées en quatre grands domaines : la métrologie, l’épidémiologie, l’ergonomie et les sciences humaines et sociales incluant l’économie.
Peu de données disponibles sur les situations en France
Sur l’ensemble des publications qui ont pu être recensées, seules 69 entraient strictement dans le champ de l’expertise au regard des critères de sélection définis par la méthode mise en place, c’est-à-dire apportaient des informations pertinentes sur les expositions aux pesticides des travailleurs agricoles en France.
Cet exercice bibliographique démontre, tout comme les travaux parlementaires récemment conduits, les informations disponibles dans la littérature ou la récente expertise de l’Inserm sur les effets des pesticides sur la santé, que peu de données d’exposition des travailleurs agricoles aux pesticides sont disponibles. Cependant, cette revue de la littérature a été réalisée principalement à partir de la littérature publiée dans les revues à comité de lecture. Elle peut s’avérer incomplète au vu d’éventuelles données non publiées ou publiées dans une littérature grise peu accessible.
C’est dans ce contexte que l’Anses lance un appel à contributions complémentaires auprès de l’ensemble des acteurs détenteurs de données susceptibles de contribuer à une meilleure connaissance des expositions aux pesticides dans le secteur agricole (agences européennes, associations, scientifiques, industriels et particuliers).
Cet appel à contributions est ouvert jusqu’au 20 avril 2014.
Parallèlement, l’Anses évalue l’efficacité des vêtements de protection individuelle
Un rapport publié en 2010 par l’Agence sur la question de l’efficacité de protection des combinaisons de types 3 et 4 au regard de la perméation de substances chimiques, soulevait la question de l’efficacité des vêtements de protection disponibles pour les applicateurs de produits phytopharmaceutiques.
En effet, les combinaisons testées sont apparues peu adaptées au travail des agriculteurs, principaux applicateurs de ces produits, qui de ce fait les portent peu.
L’Anses s’est donc autosaisie en 2011 sur la question de l’efficacité des vêtements de protection portés par les applicateurs de produits phytopharmaceutiques.
Ce travail, dont les résultats sont attendus prochainement, consiste à :
- décrire les équipements disponibles sur le marché à l’aide d’une enquête auprès des distributeurs d’équipement et ceux disponibles sur internet ;
- décrire les pratiques des agriculteurs et les équipements de protection effectivement portés par ces derniers sur le terrain ;
- identifier des équipements de protection individuelle et vêtements de travail et de protection apportant aux applicateurs de produits phytopharmaceutiques un niveau élevé de protection.