Exposition aux ondes : de nouvelles études précisent les connaissances sur le risque de cancer
Pas de lien de cause à effet établi entre ondes et cancer
Depuis les précédentes expertises conduites en 2013 pour les adultes et en 2016 pour les enfants, près de mille nouvelles études investiguant la question du cancer et de son association aux ondes radiofréquences ont été publiées, dont des résultats d’études épidémiologiques de grande ampleur, comme Mobikids, et un ensemble d’études toxicologiques majeures dans le cadre du National Toxicology Program américain.
Dans ces nouvelles études, des éléments de preuve limités d’effets des ondes sur des mécanismes cellulaires et chez l’animal ont été mis en évidence. Cependant, les études épidémiologiques n’apportent pas d’éléments probants sur l’apparition de cancers chez l’humain. Ainsi, la prise en compte de l’ensemble de ces nouvelles connaissances, associées aux précédentes données scientifiques, conduit à ne pas établir de lien de cause à effet entre l’exposition aux ondes et l’apparition de cancers.
Cette conclusion repose sur les connaissances disponibles jusqu’en mai 2025 et n’exclut pas la possibilité que de futurs travaux apportent des éléments nouveaux.
Une analyse de l’ensemble des études disponibles sur les effets cancérogènes
Pour ses expertises sur les ondes radiofréquences, l’Anses a développé une méthode d’évaluation des preuves robuste et adaptée qui s’appuie sur les principes méthodologiques de référence établis par le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer). L’ensemble des études épidémiologiques, des études expérimentales chez l’animal et des études mécanistiques – celles qui qui recherchent des effets biologiques au niveau cellulaire - ont été analysées. Près de 250 articles scientifiques ont ensuite été retenus, sur la base de leur pertinence, de la qualité des protocoles expérimentaux et de la robustesse des analyses de données, pour évaluer l’effet des ondes sur le cancer.
Une consultation publique et des échanges avec les parties prenantes
L’Agence a organisé une consultation publique en 2024 afin de recueillir les contributions de la communauté scientifique et de parties prenantes avant la finalisation du rapport. Une journée d’échanges a permis de présenter les résultats et apports de la consultation publique, et de répondre aux commentaires et questions adressées. Les parties prenantes ont ainsi pu dialoguer directement avec les scientifiques ayant mené l’expertise. Le rapport publié en novembre 2025 tient compte de ces échanges ainsi que des demandes de précisions et de clarifications exprimées à ces occasions.
Renforcer la surveillance épidémiologique et les connaissances sur les usages réels
L’Agence émet également des recommandations en matière de recherche :
- harmoniser les protocoles expérimentaux, en particulier entre les études menées chez l’animal et celles portant sur les mécanismes biologiques ;
- continuer à observer les relations entre exposition aux radiofréquences et cancer, via les registres de cancer notamment ;
- poursuivre le suivi et le financement de grandes cohortes telles que l’étude COSMOS ;
- documenter et suivre, au cours du temps, les usages réels des technologies sans fil.
Poursuivre la réévaluation pour d’autres effets sanitaires
Avec la multiplication des publications sur les radiofréquences, l’Anses concentre désormais ses expertises sur des effets sanitaires spécifiques. Plusieurs nouvelles études suggèrent des effets sur la fertilité. L’Agence recommande donc d’engager la réévaluation de ces effets.
Rester vigilant face à l’évolution rapide des pratiques et des technologies
En 2025, 98 % des Français de 12 ans et plus possèdent un téléphone mobile, dont 91 % un smartphone. Les pratiques évoluent rapidement et modifient l’exposition de la population aux ondes radiofréquences. Par exemple, l'usage vocal traditionnel décline au profit de l'utilisation du haut-parleur ou d’oreillettes, réduisant ainsi l'exposition directe de la tête aux radiofréquences. Mais parallèlement, on constate un développement massif des usages d’Internet en mobilité (vidéos, réseaux sociaux, etc.), favorisé par les évolutions technologiques 4G, 5G et la densification du réseau d’antennes relais, entraîne une augmentation progressive de l'exposition aux radiofréquences dans l’environnement, notamment dans les zones urbaines densément équipées.
Ces évolutions justifient une vigilance continue et un suivi régulier des niveaux d’exposition réels des populations.
Maintenir une utilisation raisonnée du téléphone mobile
L’Anses réaffirme ses recommandations en faveur d’un usage raisonné des technologies sans fil, en particulier pour les enfants :
privilégier un usage modéré du téléphone mobile ;
favoriser les dispositifs éloignant le téléphone du corps : oreillettes, haut-parleur ;
privilégier les connexions de bonne qualité, notamment en Wi-Fi plutôt que sur les réseaux mobiles en intérieur.
Ces recommandations sont cohérentes avec les résultats d’autres travaux de l’Agence portant sur les effets sanitaires des usages des téléphones mobiles et des écrans, tels que les effets de la lumière bleue sur le sommeil ou encore les impacts de la sédentarité chez les jeunes, fortement liés au temps passé devant un écran. L’Anses rendra par ailleurs début 2026 une expertise sur les effets de l’usage des réseaux sociaux numériques chez les adolescents.