Moustique Tigre

Les vecteurs et les maladies qu’ils transmettent

Les tiques et moustiques peuvent transmettre des agents pathogènes responsables de maladies affectant les animaux, les végétaux et/ou les humains. Afin de lutter contre ces maladies, il est indispensable de savoir comment vivent et se propagent ces vecteurs. Qu’est-ce qu’un vecteur, quelles sont les maladies à transmission vectorielle ? Comment l’Anses contribue-t-elle à lutter contre les risques liés aux vecteurs ? Tour d’horizon en quelques questions. 

Qu'est-ce qu'un vecteur d'agent pathogène?

Un vecteur est un arthropode, groupe comprenant les insectes et les arachnides, qui transmet un agent pathogène : un virus, une bactérie ou un parasite. Il acquière cet agent pathogène en se nourrissant sur un hôte puis le transmet à d’autres individus. 

D’après l’organisation mondiale de la Santé (OMS), les maladies vectorielles représentent plus de 17% des maladies infectieuses au niveau mondial et provoquent plus d’un million de décès chaque année. 

Les vecteurs d’agents pathogènes pour l’Homme et l’animal sont hématophages, c’est-à-dire qu’ils se nourrissent de sang, comme certains moustiques, tiques, culicoïdes, phlébotomes, puces et taons. Les maladies vectorielles peuvent être strictement humaines : paludisme, dengue, chikungunya, Zika… ou strictement animales : peste porcine africainefièvre catarrhale ovine…. Elles peuvent également être transmissibles de l’animal à l’Homme et inversement. Dans ce cas, on parle de zoonoses : borréliose de Lyme, infection à virus West Nile, etc.

Pour les végétaux, les vecteurs sont des insectes piqueurs-suceurs, comme la cicadelle ou le puceron, ou bien des xylophages. Parmi les pathogènes transmis par des vecteurs, on peut citer la bactérie Xylella fastidiosa. Originaire d’Amérique, elle s’est répandue en Europe et est transmise par plusieurs espèces d’insectes. Mortelle, elle peut infecter plus de 600 espèces différentes de plantes. Autre exemple, le nématode du pin, un vers transporté par des coléoptères. La bactérie responsable de la maladie du Huanglongbing, qui menace les cultures d’agrumes dans le sud de l’Europe est également transmise par des vecteurs.

Le saviez-vous ?     

Le cycle de vie des agents pathogènes passe souvent par plusieurs espèces animales hôtes. Certains de ces hôtes sont essentiels au cycle de vie du pathogène, qui peut y rester pendant une durée de temps assez longue, se multiplier et se transmettre à d’autres animaux. Ce sont des hôtes réservoirs. D’autres espèces sont infectées par le pathogène de façon plus occasionnelle et ne lui permettent pas de se multiplier et d’infecter d’autres animaux. 

Comment les vecteurs transmettent-ils un agent pathogène ? 

Chez les vertébrés, les vecteurs s’infectent en prélevant un agent pathogène sur un hôte infecté lors de la prise d’un repas sanguin : on parle d’hématophagie. Les modes de transmission d’un agent pathogène à un nouvel hôte sont variés, les plus fréquents étant :

  • l’injection de salive lors d’une nouvelle piqûre : les virus transmis par certains moustiques ou le parasite responsable de la maladie du sommeil transmis par la glossine (ou mouche tsé-tsé) sont injectés lors d’une piqûre, 
  • les déjections : par exemple, le parasite responsable de la maladie de Chagas est transmis par les déjections d'un triatome infecté,
  • la régurgitation : la bactérie responsable de la peste (Yersinia pestis) est transmise par des puces lors de la régurgitation,
  • la migration active du parasite pendant la piqûre (filaires).

En quoi consiste la mission de l'Anses?

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Explications de Johanna Fite – chargée de mission « vecteurs ». 

Depuis 2018, l’Anses assure une mission d’expertise scientifique sur les vecteurs et la lutte anti-vectorielle, dont était en charge auparavant le Centre national d’expertise sur les vecteurs. Cette mission vise à appuyer les autorités publiques pour mieux prévenir et lutter contre les risques liés aux agents pathogènes transmis par les vecteurs. Cela implique notamment une veille scientifique.

Étudier le couple « vecteur-agent pathogène »

L’expertise de l’Anses consiste tout d’abord à mieux comprendre les vecteurs, comment ils fonctionnent, se propagent et transmettent des agents pathogènes. Pour évaluer les risques de transmission d’agents pathogènes responsables de maladies vectorielles, il faut d’abord étudier le couple vecteur-agent pathogène. En effet, la compétence vectorielle, qui désigne l’aptitude intrinsèque d'un arthropode à transmettre un pathogène, résulte de facteurs génétiques et biologiques, permettant la multiplication du pathogène dans le vecteur puis sa transmission à un hôte. Cependant, la transmission de l’agent infectieux n’est possible que si des conditions écologiques favorables s’ajoutent à cette compétence. Le vecteur doit être abondant, avoir une longévité suffisante, et entretenir des contacts étroits avec les hôtes réservoirs et les vertébrés réceptifs. La capacité vectorielle exprime le degré de co-adaptation du couple vecteur-agent infectieux dans un écosystème donné.

Connaître les écosystèmes où vivent les vecteurs et évaluer les risques liés aux vecteurs

Il est également important d’étudier les écosystèmes dans lesquels vivent les vecteurs et les conditions dans lesquelles ils se développent. Par exemple, l’eau joue un rôle déterminant dans le cycle de vie des moustiques qui ont une phase de vie aquatique. La température est également un facteur important dans la délimitation de l’aire d’extension des arthropodes vecteurs. Avec l’augmentation des échanges à l’échelle mondiale et les changements climatiques, l’aire de répartition des vecteurs évolue rapidement. Aussi, dans nos évaluations de risques sanitaires, nous pouvons être amenés à faire des projections et à développer des scénarios en fonction de différents facteurs (environnementaux…) afin d’évaluer la probabilité d’introduction et de diffusion de certains vecteurs, ainsi que les risques d’apparition de maladies vectorielles.

Évaluer les stratégies de lutte antivectorielle

L’Anses est également amenée à évaluer des stratégies de lutte antivectorielle (LAV), leur efficacité et leurs impacts, et à recommander des mesures de prévention et de lutte adaptées au contexte. Dans le cadre des procédures d’autorisation de mise sur le marché (AMM) des produits utilisant des biocides utilisés en LAV (adulticides, larvicides…), l’Anses évalue leur efficacité et les risques liés à leur utilisation, ainsi que la résistance des vecteurs aux insecticides ou aux acaricides. Par ailleurs, l’Agence a élaboré un guide d’évaluation systémique afin d’évaluer, selon différents critères tels que l’efficacité, la pertinence et l’acceptabilité, les stratégies de LAV dans toutes leurs dimensions : mobilisation sociale et éducation sanitaire, surveillance intégrée, collaboration intra et inter-sectorielle, traitements etc.

Expertise collective et appui scientifique

Pour répondre aux différentes demandes d’expertise, l’Anses a mis en place un groupe de travail (GT) pérenne sur les vecteurs, et met régulièrement en place des GT ad hoc en fonction des sujets à traiter (saisines ou auto-saisines). Elle participe ou organise également des événements qui contribuent à animer la communauté d’experts scientifiques et techniques qui travaillent sur les vecteurs et la lutte anti-vectorielle. Enfin, l’Anses est en charge de la mise en œuvre de certaines des actions figurant dans le Plan national de lutte contre la maladie de Lyme et les maladies transmissibles par les tiques, piloté par le ministère de la santé et gère le site Signalement-moustique.

Quelles sont les activités de recherche sur les vecteurs à l’Anses ?

L’Agence développe des activités de recherche en finançant des projets dédiés à la connaissance des vecteurs ou à la lutte anti vectorielle, via le Programme national de recherche Environnement-Santé-Travail.

Les laboratoires de l'Anses mènent des travaux de recherche sur les maladies vectorielles transmises aux animaux et la capacité des vecteurs à transmettre ces agents pathogènes.