Suivi des ventes d'antimicrobiens vétérinaires
Depuis 2010, la France, via l’Agence nationale du médicament vétérinaire, transmet à l’Agence européenne du médicament (EMA) les données de ventes d’antibiotiques. L’objectif est de collecter des données de ventes d’antibiotiques harmonisées dans tous les pays de l’Union européenne (rapports ESUAvet).
Depuis 2022, la collecte de données sur les ventes de médicaments vétérinaires a été étendue à tous les antimicrobiens (incluant les antibiotiques, les antifongiques et les antiprotozoaires).
Le suivi des ventes d’antimicrobiens à usage vétérinaire constitue un outil essentiel pour évaluer leur utilisation et suivre l’évolution des pratiques en matière d’antibiothérapie chez les différentes espèces animales. Tant que le suivi des usages ne permet pas de collecter de manière exhaustive les données d’utilisation des vétérinaires, pharmaciens et opérateurs de l’aliment médicamenteux, ce suivi des ventes reste le principal outil pour disposer d’une vision globale des utilisations au niveau national.
Les informations recueillies sont indispensables, en complément du suivi de la résistance bactérienne, pour permettre une évaluation des risques liés à l'antibiorésistance.
Ces informations permettent également de proposer des mesures de gestion adaptées et d'évaluer leurs effets au cours du temps.
Le suivi des ventes d'antimicrobiens à usage vétérinaire repose sur une déclaration annuelle des ventes de médicaments par les titulaires d'autorisations de mise sur le marché. Ces déclarations incluent une estimation de la répartition des ventes par espèce animale. Les données recueillies couvrent la totalité des médicaments vétérinaires autorisés contenant des antimicrobiens et peuvent être croisées avec d'autres sources d'informations (déclarations des chiffres d'affaires, enquêtes de prescription, etc.).
Les volumes de ventes d'antimicrobiens seuls ne reflètent pas directement leur utilisation. En effet, les antimicrobiens récents sont plus actifs et nécessitent l'administration de doses plus faibles. Pour évaluer l'exposition des animaux aux antibiotiques, il est nécessaire de prendre en compte plusieurs paramètres : la posologie, la durée d'administration, mais aussi l'évolution des populations animales. L’ALEA (Animal Level of Exposure to Antimicrobials) est l'indicateur calculé pour estimer le niveau d’exposition des animaux aux antimicrobiens.
Un outil au service des plans Ecoantibio
Suivre les ventes permet de mesurer concrètement les progrès réalisés dans la lutte contre l’antibiorésistance. Les plans Ecoantibio 1 (2012-2016) et Ecoantibio 2 (2017-2022), grâce à l’engagement de tous les acteurs concernés, ont entraîné une réduction de 49 % de l’exposition globale des animaux aux antibiotiques entre 2011 et 2024.
Le plan Ecoantibio 3 (2023-2028), piloté par la Direction générale de l’alimentation (DGAl), s’inscrit dans la continuité de cette dynamique. Il vise à maintenir les niveaux actuels d’exposition des animaux de rente aux antibiotiques et fixe un objectif spécifique de réduction de 15 % de l’exposition des chiens et des chats d’ici 2028. L’atteinte de ces objectifs sera mesurée grâce au suivi des ventes de médicaments vétérinaires contenant des antimicrobiens.
Si on compare la France aux autres pays européens, la quantité d’antibiotiques vendus rapportée au dénominateur de référence européen était, en 2023, de 16,2 mg/kg pour la France quand la moyenne pour les 27 pays européens transmettant leurs ventes était de 43,8 mg/kg (rapports ESUAvet ). La plupart des pays européens se sont engagés dans une démarche de réduction des utilisations d’antibiotiques.