Incendie de l’usine Lubrizol : expertise de l’Anses sur la surveillance des eaux destinées à la consommation humaine
Dans le cadre de son expertise sur les risques sanitaires potentiels liés aux contaminations par les retombées de l’incendie de l’usine Lubrizol, l’Anses publie ce jour son avis concernant la surveillance des eaux destinées à la consommation humaine (EDCH) en Normandie.
Le 26 septembre 2019, un suivi renforcé de la qualité des EDCH a été mis en place par l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Normandie. Il a ciblé en priorité les réservoirs d’eau potable aériens situés sous le panache et à proximité de la source de pollution, puis les captages d’eaux souterraines utilisés pour produire de l’EDCH situés en dessous et à proximité du panache. Ces derniers ont été sélectionnés en fonction de leur vulnérabilité aux pollutions de surface. Les analyses réalisées dans un premier temps ont porté sur une large gamme de composés chimiques susceptibles d’être présents dans les eaux de ruissellement.
66 captages d’eaux souterraines sont recensés dans les 112 communes concernées par l’arrêté préfectoral du 28 septembre 2019 de restrictions de mise en marché d’aliments pour la zone impactée par les retombées de suies de fumée de l’incendie. Ces captages d’eaux souterraines ont été classés en fonction de leur vulnérabilité aux risques d’infiltration rapide des eaux de surface dans le cas de pluies importantes.
Sur base de leur évaluation de la stratégie de prélèvements mise en place par l’ARS Normandie à partir du 26 septembre, les experts du Groupe d’expertise collective d’urgence réuni par l’Anses proposent un programme de surveillance complet et modulable au fil du temps en fonction des résultats obtenus.
Ce plan de surveillance combine un suivi en continu de la turbidité de l’ensemble des captages vulnérables et des analyses mensuelles basées sur des méthodes de recherche permettant de couvrir le plus large spectre possible de composés chimiques. Il comprend également des analyses plus spécifiques de composés organiques et de métaux recherchés dans les aliments tels que les dioxines et PCB, des indices hydrocarbures et des HAP. Enfin, il est également proposé un suivi de quelques captages sentinelles représentatifs des captages de la région.
Les experts proposent d’appliquer ce plan de surveillance jusqu’à la fin de l’année 2019. Ce programme d’analyses et de suivi complet pourra être modulé et adapté au fil du temps. Il pourra notamment prendre en compte d’autres substances qui seraient identifiés dans d’autres compartiments environnementaux.
En cas de détection de molécules qui ne sont pas suivies dans le cadre du contrôle sanitaire de routine des EDCH, il sera nécessaire d’investiguer le devenir de ces molécules dans la filière de traitement, et en particulier après l’étape de chloration.
Afin de distinguer des contaminations de la ressource en eau qui seraient antérieures à l’incendie, les experts recommandent de réaliser des mesures sur des captages similaires mais situés en dehors de la zone survolée par le panache afin de servir de de témoins.
De façon plus générale, les experts recommandent aux laboratoires agréés pour le contrôle sanitaire des eaux de maintenir une vigilance pour tout signal anormal et d’en informer l’ARS.