L’Anses va lancer un appel d’offres pour la réalisation d’études sur le potentiel cancérogène du glyphosate
Dans un avis publié ce jour, l’Anses établit un cahier des charges pour la réalisation d’études complémentaires sur le potentiel cancérogène du glyphosate. Un appel d’offres pour la réalisation de ces travaux sera lancé dans les prochains jours. Ces études permettront d’étudier les éventuels mécanismes d’action cancérogène du glyphosate et d’évaluer leur pertinence pour l’Homme.
Le glyphosate est une substance active utilisée dans de nombreux produits herbicides, dont l’utilisation a été réapprouvée pour cinq ans par l’Union européenne en décembre 2017. Dans le cadre du plan national de sortie du glyphosate visant à mettre fin à ses principaux usages d’ici fin 2020, l’Anses mène un ensemble de travaux relatifs à cette substance active et aux produits la contenant.
Suite aux controverses sur le classement cancérogène du glyphosate, l’Anses a été chargée d’élaborer un cahier des charges pour la réalisation d’une ou plusieurs études de toxicologie afin d’améliorer les connaissances sur le potentiel caractère cancérogène de la substance.
Des études basées sur une approche intégrée
Pour définir ce cahier des charges, l’Anses a réuni un groupe d’experts, constitué de toxicologues spécialistes en génotoxicité et cancérogénèse, qui s’est appuyé sur les évaluations et l’ensemble des données de la littérature aujourd’hui disponibles. À l’issue de cette expertise, l’Agence propose une approche intégrée afin de mieux comprendre les éventuels mécanismes d’action cancérogène (génotoxiques ou épigénétiques) du glyphosate et d’évaluer leur pertinence pour l’Homme.
Ainsi, l’Anses recommande la réalisation des études suivantes :
- des tests in vitro visant à étudier sur des cellules humaines et animales, les effets qui pourraient être liés à un stress cellulaire suite à une exposition au glyphosate. Ces tests pourraient permettre d’identifier les voies moléculaires impliquées dans la réponse cellulaire. Les résultats permettront de mieux interpréter les autres tests recommandés et d’expliquer les résultats contradictoires observés dans la littérature ;
- un test des comètes in vivo chez le rat et la souris (estomac, intestin, foie, rein et pancréas), couplé à un test du micronoyau. Ces tests, qui mesurent les dommages causés à l’ADN, devraient permettre de clarifier le potentiel génotoxique du glyphosate. Les résultats viendront compléter les études déjà disponibles, ainsi que celles réalisées par le Programme national de toxicologie américain (National Toxicology Program) ;
- un test de transformation cellulaire couplé à la méthode « Transformics », méthode qui utilise la transcriptomique (étude et analyse de la transcription du génome). Ces tests pourraient permettre d’identifier in vitro les éventuels modes et mécanismes d’action cancérogène du glyphosate.
Ces études devront être conduites par des équipes de recherche indépendantes et dans les conditions rigoureuses d’expérimentation et de traçabilité. Les résultats devront être disponibles au plus tard fin 2021 pour être soumis dans le cadre de la réévaluation de la substance active.
Un appel à candidature public sera mis en ligne sur le site de l’Anses au cours du mois de juillet 2019. Une procédure de sélection transparente sera mise en œuvre par l’Agence, avec une vigilance particulière portée au respect des règles déontologiques.