Carafes Filtrantes

Carafes filtrantes : l’Anses rappelle les règles de bon usage

Suite à une autosaisine, l’Anses publie ce jour son avis relatif à l’évaluation de l’innocuité et de l’efficacité des carafes filtrantes.Les données actuellement disponibles ne mettent pas en évidence un risque pour la santé du consommateur. L’Agence conclut toutefois que l’usage de carafes filtrantes peut conduire au relargage de différents contaminants (ions argent, sodium, potassium, ammonium) dans l’eau de boisson, à un abaissement du pH, voire à une altération de la qualité microbiologique de l’eau. Elle émet donc des recommandations concernant l’amélioration des protocoles d’essais normalisés existants définissant les exigences de performance et d’innocuité attendues des carafes filtrantes. Elle recommande aux utilisateurs de respecter la notice d’utilisation des carafes, notamment pour leur usage et leur nettoyage et pour la conservation de l’eau filtrée. Elle rappelle également que les carafes filtrantes ne sont pas conçues pour rendre potable une eau qui ne le serait pas et sont uniquement destinées à être utilisées avec de l’eau destinée à la consommation humaine (EDCH) distribuée au robinet des utilisateurs.

Les carafes filtrantes sont des appareils de traitement d’eau à domicile devant exclusivement être utilisés avec de l’eau destinée à la consommation humaine (EDCH). Elles ne sont donc pas conçues pour rendre potable une eau qui ne le serait pas. L’amélioration des qualités organoleptiques de l’eau (goût de chlore notamment), l’élimination du calcaire ou de certains métaux comme le plomb font partie des revendications des fabricants de carafes filtrantes. 20 % des foyers français seraient équipés d’une carafe filtrante.

Compte tenu de signalements de libération de substances indésirables dans l’eau par ces dispositifs auprès de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), de questions posées sur leur innocuité et leur efficacité, et des articles publiés dans la presse, l’Anses s’est autosaisie afin d’évaluer l’innocuité et l’efficacité des carafes filtrantes.

L’expertise de l’Agence porte sur les systèmes domestiques (carafes et bouteilles filtrantes), non nomades, utilisés avec l’EDCH délivrée au robinet et non raccordés de façon permanente au réseau de distribution d’EDCH. Ainsi, les gourdes filtrantes destinées à un seul usager et pouvant être portées à la bouche, les filtres sous évier ou installés sur le robinet qui sont des installations fixes, les systèmes de filtration commercialisés pour la désinfection de l’eau à domicile en situation d’urgence ou à destination des voyageurs sont exclus du champ de l’expertise.

Les recommandations de l’Agence

L’usage de carafes filtrantes peut conduire au relargage de différents contaminants (ions argent, sodium, potassium, ammonium) dans l’eau de boisson, à un abaissement du pH, voire à une altération de la qualité microbiologique de l’eau. Toutefois, les données actuellement disponibles ne permettent pas de mettre en évidence un risque pour la santé du consommateur.

Par ailleurs, même si les résultats disponibles montrent que la plupart des carafes filtrantes respectent les préconisations des normes concernant la diminution de l’odeur, la saveur, des concentrations en chlore, plomb et cuivre, ces données ne permettent pas d’évaluer l’efficacité réelle de toutes les carafes filtrantes commercialisées. L’Agence considère que les revendications d’efficacité devraient systématiquement être vérifiées par des essais normalisés et les pourcentages de réduction des paramètres testés observés devraient figurer sur les emballages et/ou notices d’utilisation des cartouches filtrantes.

L’Agence formule des propositions afin d’améliorer les protocoles d’essais normalisés existants relatifs à l’innocuité et à l’efficacité des carafes filtrantes. Elle recommande que des essais préliminaires en laboratoire soient réalisés afin de vérifier la faisabilité de ses recommandations.

L’Agence insiste sur la nécessité d’informer les utilisateurs concernant les restrictions ou précautions d’usage au regard des effets observés sur la qualité de l’eau filtrée. Ainsi, elle recommande aux utilisateurs de :

  • respecter le mode d’emploi et les éventuelles restrictions ou précautions d’usage : nettoyage de la carafe, remplacement régulier de la cartouche, mise en contact de l’eau filtrée avec certains ustensiles en métal ou en céramique particulièrement lorsque l’eau est chauffée, alimentation des nourrissons, consultation d’un médecin pour les personnes suivant un régime alimentaire contrôlé notamment pauvre en sodium ou potassium ;
  • conserver la carafe filtrante et son eau au réfrigérateur et consommer l’eau filtrée rapidement, idéalement dans les 24 heures après filtration ;
  • porter une attention particulière aux revendications d’efficacité des carafes affichées par les fabricants (affichage des paramètres pour lesquels la conformité à la norme a été vérifiée).

L’Agence recommande que l’eau filtrée respecte les limites ou références de qualité définies dans la réglementation relative aux EDCH. Concernant notamment l’argent, même si les concentrations observées dans l’eau filtrée ne dépassent pas la valeur guide dans l’eau de 100 µg/L établie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Agence recommande que cette valeur soit examinée au regard des données toxicologiques récentes et souligne la nécessité de considérer le rapport bénéfice/risque de l’utilisation de l’argent pour ce type d’usage.

Enfin, l’Agence rappelle que les matériaux constitutifs des carafes, bouteilles et cartouches filtrantes doivent satisfaire à la réglementation relative aux matériaux en contact avec les aliments (MCDA). Elle rappelle l’obligation faite aux industriels de s’assurer que les MCDA ne relarguent pas dans les eaux filtrées des éléments en quantité susceptible de présenter un danger pour la santé humaine, d’entraîner une modification inacceptable de la composition de l’eau filtrée ou d’altérer ses propriétés organoleptiques. Enfin, l’Agence attire l’attention des consommateurs sur les produits proposés à la vente en ligne, qui peuvent ne pas être conformes à la réglementation européenne et souligne la nécessité d’un contrôle de conformité de ces produits par l’autorité publique.