Exposition à la MIT : l’Anses recommande de mieux protéger et informer les consommateurs et les travailleurs
La méthylisothiazolinone (MIT) est une substance utilisée comme conservateur dans de nombreux mélanges commerciaux tels que des produits détergents, des peintures, des vernis, mais aussi dans des mélanges à usage professionnel. Elle est également retrouvée dans des produits cosmétiques : sa présence doit alors être mentionnée sur l’emballage. Depuis plusieurs années, en France comme en Europe, une augmentation alarmante du nombre de cas d’allergies cutanées à la MIT a été observée. Cette substance fait actuellement l’objet de travaux visant à proposer une classification européenne harmonisée dans le cadre du règlement CLP (classification, étiquetage et emballage), ainsi qu’au titre du règlement encadrant la mise sur le marché des produits biocides. Dans ce contexte, l’Anses s’est autosaisie afin d’identifier les catégories de produits les plus exposants pour proposer des recommandations visant à limiter les expositions des personnes déjà ou non sensibilisées. Dans l’avis qu’elle publie ce jour, l’Agence propose une protection renforcée des consommateurs et des travailleurs dans le cadre des travaux règlementaires en cours au niveau européen. Au-delà des produits cosmétiques et des détergents pour lesquels une information est déjà obligatoire, l’Agence recommande une information systématique à destination de la population générale et des professionnels sur les emballages des mélanges contenant de la MIT. Enfin, l’Anses poursuit ses travaux visant à identifier les secteurs ou postes de travail les plus exposants dans l’objectif de mieux prévenir et protéger les professionnels exposés.
La méthylisothiazolinone ou MIT est principalement utilisée pour ses propriétés conservatrices, notamment dans les peintures et revêtements, les détergents, les procédés industriels, les produits cosmétiques, etc. Une étude récente a détecté la présence de MIT dans 93% des peintures testées. La MIT peut également être utilisée pour ses propriétés fongicides, bactéricides et désinfectantes dans un grand nombre d’usages : vernis, colles, détergents, textiles, etc.
Depuis plusieurs années, en France comme en Europe, de nombreuses publications ont mis en évidence une augmentation alarmante du nombre de cas d’allergies cutanées à cette substance.
Au niveau toxicologique, la MIT est reconnue comme substance sensibilisante cutanée, sur la base de données expérimentales animales et humaines. Ainsi, suite à l’exposition à une forte concentration de MIT, via notamment les cosmétiques, une réaction allergique cutanée peut survenir lors d’une nouvelle exposition, même à de faibles concentrations.
Par ailleurs, la présence de MIT dans de nombreux produits à usage professionnel à des concentrations élevées est à l’origine de dermatites de contact sévères dans de nombreuses catégories professionnelles.
Dans ce contexte, l’Anses s’est autosaisie afin de dresser un état des lieux des utilisations de la MIT et de décrire les risques associés de sensibilisations cutanée et respiratoire. L’objectif était d’identifier les catégories de produits les plus exposants en vue de proposer d’éventuelles recommandations visant à limiter les expositions des personnes déjà ou non sensibilisées.
Les recommandations de l’Agence
En janvier 2015, un dossier de classification harmonisée a été déposé au niveau européen par la Slovénie dans le cadre du règlement « CLP » sur la classification, l’étiquetage et l’emballage des substances. Ce dossier propose de classer la MIT comme sensibilisant cutané de catégorie 1 avec une limite de concentration spécifique à 0,06% (600 ppm). Lors de la phase de consultation publique de cette proposition, la France a indiqué qu’elle jugeait cette limite de 600 ppm beaucoup trop élevée au regard des données disponibles et a proposé une limite de 15 ppm. D’autres commentaires émanant d’institutions publiques européennes ou d’Etats membres vont également dans le sens de proposer une limite de concentration plus protectrice. Cette proposition de classification doit faire l’objet d’une discussion avec l’ensemble des Etats membres prochainement.
L’Agence estime par ailleurs nécessaire la poursuite des discussions engagées au niveau européen dans le cadre du règlement « cosmétiques », afin de modifier les concentrations en MIT en tant que conservateur dans les produits cosmétiques.
L’Agence recommande la mise en place d’une information systématique à destination de la population générale et des professionnels, sur les emballages des mélanges contenant de la MIT, quel que soit le niveau de concentration dans le mélange. Cette information est déjà obligatoire pour les produits cosmétiques et les détergents. Une information systématique dès la plus faible concentration applicable au produit fini mis sur le marché permettra l’éviction de l’allergène pour les individus sensibilisés.
Par ailleurs, dans le cadre de ses travaux sur la problématique des émissions de polluants issues des matériaux de construction, l’Anses avait proposé une procédure de qualification des émissions de composés organiques volatils en 2009. Une concentration limite d’intérêt (CLI) avait alors été déterminée pour la MIT. Cette valeur française a d’ailleurs été adoptée par le groupe de travail européen d’harmonisation des protocoles et des CLI. Au vu des données récentes, l’Agence recommande la prise en compte de la MIT dans l’étiquetage prévu pour les produits de construction, afin d’informer le consommateur et les travailleurs sur les niveaux d’émission en polluants volatils.
L’Agence poursuit enfin ses travaux sur l’analyse des dermatites professionnelles dans le cadre du Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles (RNV3P), qu’elle coordonne. Ces travaux permettent de décrire la prévalence de ces troubles cutanés en fonction des nuisances, d’identifier les secteurs ou postes de travail à risque en vue de recommandations pour la mise en œuvre de mesures de prévention et de protections adaptées en milieu professionnel.