Radiofrequences

L'exposition aux ondes électromagnétiques en 8 questions

Chaque jour, nous sommes exposés aux champs et ondes électromagnétiques : par la lumière du soleil, lors d'examens radiologiques, à proximité des câbles électriques ou encore en utilisant notre téléphone mobile. De quoi s'agit-il exactement ? Quels sont les impacts potentiels des ondes sur notre santé ? Est-ce qu'elles peuvent aussi avoir des conséquences sur la santé des animaux ? Peut-on limiter notre exposition et comment ? On fait le point dans cet article.

 

1- À quelles ondes sommes-nous exposés ?

Une antenne de radio ou de télévision, un téléphone mobile en fonctionnement créent des champs électromagnétiques qui se propagent dans l’environnement, sous forme d’ondes. Il existe également des champs électromagnétiques d’origine naturelle comme le champ magnétique terrestre, ou encore les champs créés par la foudre. Les rayonnements ultraviolets et la lumière visible issus du soleil font aussi partie des ondes électromagnétiques d’origine naturelle.

Les ondes transportent de l’énergie et peuvent servir de support à la transmission de données, raison pour laquelle elles sont utilisées dans le domaine des radiocommunications.

Les ondes ou champs électromagnétiques sont caractérisées par leur fréquence, c’est-à-dire le nombre d’oscillations du champ électromagnétique en une seconde. Cette fréquence s’exprime en Hertz.

Les principaux champs électromagnétiques créés par les activités humaines :

  • Les champs électromagnétiques statiques et basses fréquences (de 0 à environ 10 kHz) générés par :
    • Les lignes de transport de l’électricité à haute tension, les câbles électriques pour la distribution électrique, y compris à domicile ;
    • tous les appareils électroménagers : tout appareil fonctionnant à l’électricité émet un champ électrique lorsqu’il est branché et un champ magnétique lorsqu’il est en fonctionnement.
  • les champs électromagnétiques radiofréquences (de 10 kHz à 300 GHz environ) sont utilisés par exemple pour la transmission d’informations :
    • les émetteurs de télévision, de radio ou pour la téléphonie mobile ;
    • les émetteurs Wi-Fi ;
    • les dispositifs de communication sans contact (RFID).

Enfin, les champs électromagnétiques sont aussi largement utilisés dans l’industrie et le secteur médical :

  • Les radars dans l’aviation, le domaine maritime, l’automobile…
  • L’imagerie par résonnance magnétique (IRM), des applications thérapeutiques…
  • Le soudage par résistance, les fours à induction…

Consulter notre infographie : "A quelles ondes sommes-nous exposés ?"

A quelles ondes pouvons-nous être exposés ?

2- Quels sont les effets des ondes électromagnétiques sur le corps humain ?

L’exposition à des champs électromagnétiques basses fréquences de forte intensité, comme ceux émis par certaines machines industrielles, par exemple, peut entrainer la stimulation des tissus nerveux du corps humain, mais aussi de la rétine.

Dans le domaine des radiofréquences, l’exposition à des niveaux élevés d’ondes électromagnétiques peut provoquer un échauffement des tissus biologiques (la peau, mais aussi les tissus internes du corps), c’est ce que l’on appelle l’effet thermique. Les valeurs limites d’exposition actuellement en vigueur en France garantissent néanmoins que de tels niveaux d’ondes radioélectriques ne sont jamais atteints dans l’espace public et dans des conditions normales d’utilisation des appareils émetteurs.

Certaines études expérimentales mettent en avant que des effets biologiques peuvent également survenir lors de l’exposition à des niveaux de champs électromagnétiques plus faibles que ceux provoquant une stimulation des nerfs (basses fréquences) ou une élévation sensible de la température des tissus (radiofréquences). Il s’agit par exemple de modifications temporaires du fonctionnement de certaines cellules ou organes. De telles modifications biologiques sont cependant constamment observées dans le cadre du fonctionnement normal du corps. Par ailleurs, l’exposition aux ondes émises par un téléphone mobile a été associée à une modification de l’activité électrique cérébrale. Il n’a cependant pas été démontré que ces effets ont un impact sur la santé.

Enfin, l’exposition simultanée des populations à de nombreuses sources de champs électromagnétiques pose la question des effets éventuels qui pourraient être associés à cette multi-exposition.

Compte tenu de cette complexité, seule une approche pluridisciplinaire est à même de répondre aux défis posés par les innovations technologiques à l’évaluation des risques sanitaires. Les groupes de travail mis en place par l’Anses pour évaluer ces risques rassemblent ainsi des biologistes, des épidémiologistes, des physiciens, des évaluateurs de risques, des chercheurs spécialistes dans le domaine des interactions entre les champs électromagnétiques et le corps humain, qui contribuent ensemble à relever ces défis.

Quel est le rôle de l’Anses ?

L’Anses évalue les effets éventuels des champs électromagnétiques sur la santé, en vue d’éclairer les décisions publiques. L’Agence a en particulier rendu des avis sur les effets sur la santé de la 5G, des lignes haute tension, des scanners corporels ou encore des diodes électroluminescentes.

3- Les ondes de la téléphonie mobile sont-elles dangereuses pour la santé ?

En l’état actuel des connaissances, les travaux de l’Agence ne mettent pas en évidence de lien de causalité entre l’exposition aux ondes émises par les communications mobiles et des effets sur la santé.

Certaines publications évoquent néanmoins une possible augmentation du risque de tumeur cérébrale, sur le long terme, pour les utilisateurs intensifs de téléphones mobiles, raison pour laquelle le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer) a classé les radiofréquences comme « cancérogène possible ».

Par ailleurs, les dernières expertises de l’Anses ont fait apparaître, avec des niveaux de preuve limités, différents effets biologiques chez l’être humain ou chez l’animal dont certains avaient déjà été rapportés dans une précédente expertise publiée en 2009 : ils peuvent concerner le sommeil, la fertilité mâle chez l'animal ou encore les performances cognitives. Des effets biologiques, correspondant à des changements généralement réversibles dans le fonctionnement interne de l’organisme, peuvent ainsi être observés, comme dans le cas d’expositions aux différents stimuli de la vie quotidienne. Néanmoins, à ce jour, aucun lien entre les effets biologiques décrits sur des modèles cellulaires, animaux ou chez l’être humain et d’éventuels effets sanitaires qui en résulteraient n’a été démontré.

 

Le DAS, un indice clé pour limiter son exposition

Une partie de l’énergie transportée par les ondes électromagnétiques qui rentrent en interaction avec le corps humain est réfléchie vers l’extérieur, l’autre est absorbée. Pour quantifier cet effet, la mesure de référence est celle du débit d’absorption spécifique (DAS), pour toutes les ondes comprises entre 100 kHz et 6 GHz. Le DAS s’exprime en Watt par kilogramme (W/kg).

Pour limiter son exposition aux ondes, il est recommandé de privilégier l’acquisition de téléphones mobiles affichant les DAS les plus faibles.

"Qu'est-ce que le DAS ?"

Qu'est-ce que le DAS ?

 

"Où trouver le DAS ?"

Ou trouver le DAS

4- Lignes à haute tension : quels risques pour la santé ?

Les populations sont exposées à de multiples sources de champs électromagnétiques basses fréquences, que ce soit en environnement extérieur via les lignes électriques, les transformateurs, les moyens de transport, ou en environnement intérieur par les appareils électroménagers. 

C’est à l’intérieur des habitations que l’on trouve les niveaux de champ magnétique les plus élevés : ils sont produits par des appareils domestiques, mais l’exposition à ces appareils est généralement très brève et localisée. Les valeurs de champ électromagnétique les plus élevées en milieu extérieur sont mesurées notamment sous des lignes électriques à très haute tension et à proximité immédiate des locaux des transformateurs ou des sous-stations électriques. Certaines activités industrielles peuvent par ailleurs générer des expositions beaucoup plus élevées aux champs magnétiques basses fréquences.

L’Anses n’a pas mis en évidence de lien de causalité entre l’exposition aux champs électromagnétiques basses fréquences dans l’environnement quotidien et des effets sur la santé. Des questionnements restent cependant ouverts concernant un effet possible à long terme de l’exposition à des sources de champs électromagnétiques basses fréquences, telles que les lignes de transport d’électricité à très haute tension, sur la survenue de la leucémie infantile, ou encore sur l’apparition de maladies neurodégénératives. Aucun mécanisme biologique permettant d’expliquer les observations épidémiologiques n’a cependant pu être mis en évidence à ce jour.

5- Qu’est-ce que l’électrohypersensibilité ?

La littérature scientifique rapporte depuis plusieurs décennies des cas de personnes déclarant souffrir de symptômes divers qu’elles attribuent à leur exposition aux champs électromagnétiques émis par les appareils électroménagers, les installations électriques ou encore les technologies mobiles. C’est ce que l’on appelle l’électrohypersensibilité (EHS).

Les connaissances scientifiques actuelles ne mettent pas en évidence de lien de cause à effet entre les symptômes dont souffrent les personnes se déclarant EHS et leur exposition aux ondes électromagnétiques. Pour autant, l'Agence a mis en avant lors d’une expertise dédiée que les douleurs et la souffrance (maux de tête, troubles du sommeil, de l'attention et de la mémoire, isolement social, etc.) exprimées par les personnes se déclarant EHS correspondent à une réalité vécue, les conduisant à adapter leur quotidien pour y faire face. L’Agence recommande de poursuivre des travaux de recherche, notamment en mettant en place des études dont les conditions expérimentales prennent en compte les conditions de vie des personnes se déclarant EHS.

6- Existe-t-il des risques pour les animaux d’élevage ?

L’expertise de l’Agence publiée en 2015 sur les conséquences de l’exposition aux champs électromagnétiques extrêmement basses fréquences sur la santé des animaux d’élevage souligne qu’il reste difficile de se prononcer sur ce sujet.

En 2021, l’Agence a également rendu un avis sur des troubles dans deux élevages de bovins situés à proximité d’un parc éolien, installation raccordée au réseau d’électricité et source de champs électromagnétiques. Elle conclut que les troubles rencontrés - diminution de la production et de la qualité du lait, des troubles du comportement, une augmentation de la mortalité - n’étaient très probablement pas liés à la présence des éoliennes.

7- Quel encadrement pour les ondes électromagnétiques ?

En France, comme dans la majorité des pays européens, les valeurs limites réglementaires pour l’exposition de la population générale aux champs électromagnétiques ont été fixées conformément aux recommandations de l’Union européenne en 1999 (Recommandation 1999/519/CE). Ces valeurs limites visent à protéger les personnes et l’environnement contre les effets néfastes des champs électromagnétiques.

L’exposition du public aux ondes radiofréquences émises par les équipements utilisés dans les réseaux de télécommunication ou par les installations radioélectriques est ainsi spécifiquement réglementée (décret n°2002-775 du 3 mai 2002). L’exposition est surveillée par l’ANFR, l’Agence nationale des fréquences. Les contrôles réalisés chaque année montrent que l’exposition environnementale aux ondes radioélectriques est largement inférieure aux valeurs limites règlementaires. Sur les 4 700 mesures qui ont été réalisées en 2020, près de 80 % d’entre elles attestaient d’une exposition inférieure à 1 volt par mètre (V/m) alors que les valeurs limites règlementaires se situent entre 28 et 87 V/m selon les fréquences. L’ensemble de ces mesures sont rendues publiques.

L’ANFR réalise par ailleurs de nombreux contrôles du DAS des téléphones mobiles et, en cas de dépassement des valeurs limites, est amenée à proposer des mises à jour des terminaux concernés, voire un retrait du marché.

En ce qui concerne les expositions aux basses fréquences, à la suite des lois Grenelle 1 et 2, un dispositif de surveillance et de contrôle des champs électromagnétiques émise par les réseaux publics de transport d’électricité a été mis en place. Les données collectées dans ce cadre sont publiées sur ce site.

Comment savoir si je suis exposé aux ondes ?

Le dispositif national de surveillance et de mesure des ondes géré par l’ANFR permet à toute personne, ainsi qu’à l’État, aux collectivités et aux associations agréées, de faire mesurer sans frais l’exposition aux ondes créée par une antenne relais ou un objet communicant tel que le compteur Linky par exemple. La mesure peut être réalisée tant dans les locaux d’habitation que dans des lieux accessibles au public (parcs, commerces, gares...).

Pour évaluer les risques pour la santé des ondes, les résultats de ces mesures sont transmis à l’Anses dans le cadre de l’article 42 de la loi n° 2009-967 du 3 août 2009 de Grenelle I1.

8- Comment limiter son exposition aux ondes ?

Limiter l’exposition aux ondes émises par les téléphones mobiles (radiofréquences) :

  • pour les adultes utilisateurs intensifs de téléphone mobile (en mode conversation) : utiliser un kit mains-libres et de façon plus générale, pour tous les utilisateurs, téléphoner dans de bonnes conditions de réception, et privilégier l’acquisition de téléphones affichant les débit d’absorption spécifique les plus faibles ;
  • pour les enfants : avoir un usage modéré du téléphone mobile, et privilégier notamment l’usage d’un kit main-libres. Les enfants peuvent en effet être plus exposés que les adultes en raison de leurs spécificités morphologiques et anatomiques, et notamment de leur petite taille, ainsi que des caractéristiques de certains de leurs tissus biologiques.

Limiter l’exposition aux champs magnétiques basses fréquences (courant électrique) :

Dans le milieu professionnel, des postes de travail, en lien avec l’utilisation de certaines machines industrielles notamment, peuvent être plus exposés aux champs magnétiques basses fréquences. L’Agence souligne donc la nécessité de mieux maîtriser l’exposition en milieu de travail pour certains professionnels, et parmi eux, tout particulièrement, les femmes enceintes.

Pour les acteurs responsables de l’aménagement du territoire, il est recommandé de ne plus augmenter le nombre de personnes sensibles exposées autour des lignes à hautes tension en évitant :

  • d’installer ou d’aménager de nouveaux établissements accueillant des personnes sensibles (hôpitaux, écoles…) à proximité immédiate des lignes à très haute tension ;
  • d’implanter de nouvelles lignes au-dessus de tels établissements.

 

1L’Anses, représentée par son directeur général, est responsable d’un traitement de données à caractère personnel destiné à caractériser l’exposition de la population aux champs électromagnétiques radiofréquences. Le délégué à la protection des données est la directrice des affaires juridiques (saisine-daj@anses.fr). Ce traitement est fondé sur la mission d’intérêt public de l’Anses. Les données sont conservées pour une durée de 5 ans. Conformément aux dispositions du Règlement (UE) 2016/679 relatif à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données (RGPD) et de la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d’un droit d’accès, de rectification, de limitation et dans certains cas d’effacement relatifs aux informations qui vous concernent. Vous pouvez également, pour des motifs légitimes, vous opposer au traitement des données vous concernant. Les informations vous concernant sont transmises à l’équipe en charge de l’exploitation des données de mesure de l’exposition aux champs électromagnétiques. Vous pouvez accéder aux informations vous concernant en vous adressant à : contact-uerap@anses.fr. Si vous estimez, après nous avoir contactés, que vos droits « Informatique et Libertés » ne sont pas respectés, vous pouvez adresser une réclamation à la CNIL.