Pesticides

DROM : quelles utilisations des pesticides à domicile dans les Outremers français (Réunion, Guadeloupe, Martinique) ?

Utilisés à domicile, dans les jardins ou encore comme traitements antiparasitaires des humains et animaux domestiques, les pesticides exposent les populations à des risques sanitaires qui doivent être maîtrisés. Afin de mieux connaître les pratiques et les usages des pesticides dans les départements et régions d’outre-mer (DROM), l’Anses a mené l’étude Pesti-home. Après son premier rapport d’octobre 2019 concernant l'Hexagone, elle publie ce jour les résultats de l’étude réalisée auprès de 608 ménages des Antilles et de la Réunion.

L’étude Pesti’home, qu’est-ce que c’est ?

Après avoir publié les résultats pour l'Hexagone fin 2019, l’Anses publie aujourd’hui les résultats de Pesti’Home volet DROM, étude réalisée de février à juillet 2015 auprès de 608 ménages résidant en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion.

L’étude Pesti’home concerne les pesticides disponibles à la vente pour les particuliers : produits phytopharmaceutiques utilisés pour protéger les plantes d’intérieur et d’extérieur, produits biocides utilisés à la maison pour lutter contre les insectes, les acariens, les rongeurs ou les parasites et moisissures du bois, et médicaments antiparasitaires humains et vétérinaires contre les poux, les puces ou encore les tiques.

Plus d’un ménage sur deux utilise des pesticides à domicile

Comme dans l'Hexagone, l’utilisation des pesticides à domicile est très répandue dans les DROM : 58,3 % des ménages martiniquais, 70,1 % des ménages réunionnais et 94,8 % des ménages guadeloupéens ont utilisé des pesticides au moins une fois dans l’année.

Les produits sous forme d’aérosols ou de sprays sont les produits les plus fréquemment employés. Dans les DROM, le climat tropical favorise la prolifération d’insectes comme les moustiques, cafards et fourmis. Ces derniers apparaissent donc comme la principale cible des traitements. L’utilisation des produits pesticides tous usages confondus est ainsi 3 à 4 fois plus fréquente que dans l'Hexagone.

La part des très forts utilisateurs, c’est-à-dire ceux utilisant des pesticides plus de deux fois par semaine au moins, représente près de 1/3 des ménages à La Réunion, 1/4 en Guadeloupe, et 1/5 en Martinique.

Des produits aujourd’hui interdits retrouvés dans les stocks à domicile

Sur les 3 îles, plus de 80 % des ménages stockent au moins un pesticide à domicile, principalement dans la cuisine, la remise ou le garage. Comme en métropole, certains de ces produits, aujourd’hui interdits à la vente, ont été retrouvés, en particulier les produits phytopharmaceutiques dont l’achat peut parfois remonter à 10 ans ou plus. Au moment de l’enquête, près de 24 % des produits stockés chez les ménages en Guadeloupe, 27 % en Martinique et 20 % à La Réunion, étaient interdits à la vente.

Des précautions d’emploi et d’élimination pas assez respectées

En Guadeloupe et en Martinique, près de 80 % des produits non utilisés et périmés sont jetés à la poubelle au lieu d’être apportés en déchetterie. Sur l’île de La Réunion, ce chiffre atteint 60 %. 

Peu d’utilisateurs portent des équipements de protection comme des gants, des masques ou des vêtements de protection. D’une manière générale, les précautions et recommandations d’emploi des produits ne sont pas toujours lues ou respectées. A titre d’exemple, si l’application de la dose préconisée et les recommandations figurant sur la notice ou l’emballage du produit sont globalement bien respectées sur les 3 îles, ce n’est pas le cas pour les produits destinés aux insectes volants et rampants tels que les moustiques, les blattes, les fourmis ni pour les répulsifs employés sur le corps et/ou sur les textiles (sauf pour La Réunion). 

Mieux informer pour réduire l’exposition des utilisateurs et l’impact environnemental

Au regard de ces résultats, l’Anses rappelle les recommandations émises lors de la publication du volet métropole de Pesti’home et tout particulièrement la nécessité de mieux informer les forts utilisateurs de l’importance de :

  • lire les précautions d’emploi et de les respecter : aération de la pièce où le produit a été utilisé, port de gants lorsque cela est mentionné, respect de la dose recommandée, etc. ;
  • déposer en déchetterie les produits stockés depuis longtemps et contenant des substances aujourd’hui interdites, ainsi que les emballages vides des produits ;
  • respecter les conditions de conservation et d’utilisation des produits, en veillant par exemple à informer l’utilisateur au moment de l’achat. L’Anses rendra un avis courant 2021 sur l’arrêt du libre-service pour certaines produits biocides destinés au grand public.

L’Anses recommande qu’une information plus lisible et plus claire sur la composition de ces produits soit apportée aux consommateurs par les fabricants.

En outremer comme en métropole, pour limiter la prolifération des insectes et notamment des moustiques, l’Anses invite enfin les particuliers à éliminer les points d’eau stagnante qui constituent des lieux de ponte en :

  • vidant les coupelles sous les pots de fleur ;
  • nettoyant les gouttières pour faciliter l'évacuation de l'eau ;
  • couvrant les réserves d'eau de pluie.