Incendie de l’usine Lubrizol : expertise de l’Anses sur la surveillance des eaux destinées à la consommation humaine en Hauts-de-France

Dans le cadre de son expertise sur les risques sanitaires potentiels liés aux contaminations par les retombées de l’incendie de l’usine Lubrizol, l’Anses publie ce jour son avis concernant la surveillance des eaux destinées à la consommation humaine (EDCH) pour la région Hauts-de-France.

Suite à l’incendie du 26 septembre 2019, un suivi renforcé de la qualité des EDCH a été mis en place par l’Agence Régionale de Santé (ARS) de la région Hauts-de-France. 50 captages d’eaux souterraines et 5 prises d’eau superficielles utilisés pour produire de l’EDCH ont été ciblés, dans les zones concernées par les arrêtés préfectoraux relatifs aux mesures conservatoires sur les productions agricoles, qui représentent 119 communes.

Depuis ces premiers résultats, l’ARS Hauts-de-France a préparé une évolution de son programme de surveillance avec de nouvelles modalités de ciblage, de fréquence et de nature des prélèvements, notamment en fonction des paramètres géographiques propres à la région : distance par rapport au lieu de l’accident, vulnérabilité géologique du secteur globalement moindre qu’en Normandie.

Le groupe d’experts de l’Anses a évalué cette proposition de l’ARS en prenant en compte les résultats de suivi disponibles, l’analyse du contexte hydrogéologique de la région Hauts-de-France et les tendances observées pour la Seine Maritime, ce territoire ayant un rôle de sentinelle par rapport à la région.

Plusieurs ajustements des plans d’analyse ont été formulés en termes de substances à analyser, de fréquence et de durée. Il est notamment recommandé de maintenir l’analyse des métaux et des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et d’analyser les composés organiques volatils (COV), tandis que la mesure des polychlorobiphényles (PCB), dioxines, furanes et composés perfluorés n’apparait plus nécessaire. Concernant les fréquences d’échantillonnage, des exigences graduées ont été formulées en fonction de la vulnérabilité des captages.

Les experts proposent d’appliquer ce plan de surveillance jusqu’à septembre 2020, pour couvrir une année hydrologique et surveiller ainsi un cycle annuel complet de recharge des nappes. Ce programme de suivi et d’analyses pourra être modulé et adapté au fil du temps en fonction des résultats obtenus en Normandie, comme région sentinelle, et dans les Hauts-de-France, ainsi que des résultats de la surveillance environnementale des masses d’eau diligentée par les agences de l’eau.

De manière plus générale, l’Anses recommande d’intégrer dans la surveillance environnementale et sanitaire une part d’analyses non ciblées de contaminants dans les différents milieux (eaux, air, sols), au-delà de l’eau destinée à la consommation humaine, afin de servir de point de comparaison dans un contexte post-accidentel.