Nanoparticules
05/03/2015 3 min

Exposition aux nanoparticules d’argent : mise à jour des connaissances

Les nanoparticules d’argent sont employées dans différentes applications industrielles, notamment les secteurs de l’alimentation (additifs, emballages alimentaires, revêtements internes de réfrigérateurs), du textile (vêtements et literie) et des produits cosmétiques et d’hygiène (brosses à dents, fers à lisser les cheveux, sprays désinfectants, etc.). Elles sont principalement  utilisées pour leurs propriétés antibactériennes et antifongiques. Toutefois, il reste très difficile d’avoir un inventaire référençant tous les produits contenant des nanoparticules d’argent en France et dans le monde. L’Anses a été saisie en 2011 afin de mettre à jour les connaissances sur l’évaluation des risques sanitaires et environnementaux liés à l’exposition aux nanoparticules d’argent. Dans l’avis qu’elle publie ce jour, l’Agence souligne les efforts de recherche sur les effets sanitaires et environnementaux potentiels des nanoparticules d’argent mais relève que ceux-ci demeurent cependant insuffisants pour permettre une évaluation des risques sanitaires. Néanmoins, s’appuyant sur les conclusions de son avis d’avril 2014 relatif aux risques liés aux nanomatériaux manufacturés,  l’Anses recommande de limiter la mise sur le marché de produits contenant des nanoparticules d’argentaux applications dont l’utilité est clairement démontrée.

Les nanoparticules d’argent sous forme agrégée, agglomérée ou encore colloïdale, sont utilisées dans un grand nombre d’applications industrielles, notamment dans les secteurs de l’alimentation (additifs, emballages alimentaires, revêtements internes de réfrigérateurs, etc.), du textiles (vêtements, literie) ou encore des produits cosmétiques et d’hygiène (brosses à dents, fers à lisser les cheveux, sprays désinfectants, etc.).

L’intégration de ces nanoparticules d’argent dans des articles commercialisés est supposée répondre principalement à des finalités antibactériennes et antifongiques et des questions sont régulièrement posées sur leur impact sur la santé, ainsi que sur la conséquence éventuelle de leur dispersion dans l’environnement.

Faisant suite à deux rapports publiés en 2009 et 2010 sur ce sujet, respectivement par l’Anses et son homologue allemande (BfR), l’Agence avait été saisie en 2011 afin de mettre à jour les connaissances sur l’évaluation des risques sanitaires et environnementaux liés à l’exposition aux nanoparticules d’argent, en prenant en compte les nombreux articles scientifiques publiés sur l’évaluation de la toxicité des nanoparticules d’argent depuis 2010.

L’expertise qu’elle publie ce jour intègre de nouvelles connaissances sur l’ensemble des voies d’exposition aux nanoparticules d’argent, ainsi que sur leur activité antibactérienne et la résistance potentielle des bactéries à ces nanoparticules.

L’Agence souligne que les travaux de recherche en toxicologie récemment publiés sont souvent contradictoires, rendant encore difficile à ce jour l’estimation de la dangerosité des nanoparticules d’argent. Il est de fait impossible, aujourd’hui, de statuer, par exemple, sur leur caractère reprotoxique, génotoxique ou neurotoxique. 

Les études d’écotoxicité, de plus en en plus nombreuses, montrent quant à elles des effets biologiques sur tous les organismes aquatiques et terrestres étudiés (mortalité, inhibition de croissance, génotoxicité, reprotoxicité, etc.).

Les recommandations de l’Agence

L’expertise de l’Agence réalisée sur les nanoparticules d’argent illustre les nombreuses difficultés déjà rencontrées lors de son évaluation des risques liés aux nanomatériaux. Ainsi, elle rappelle les recommandations émises dans son avis du 15 avril 2014 relatif à l’évaluation des risques liés aux nanomatériaux - enjeux et mise à jour des connaissances, qui appelaient à un renforcement du cadre réglementaire des nanomatériaux manufacturés, afin de mieux caractériser chaque substance et ses usages, en prenant en compte l’ensemble du cycle de vie des produits.

Concernant les nanoparticules d’argent en particulier, l’Anses recommande :

  • d’encourager les travaux de recherche dans les domaines de la caractérisation physico-chimique, l’évaluation de l’exposition, de la toxicologie et de l’écotoxicologie, de l’évaluation de l’efficacité antibactérienne et de la résistance bactérienne ;
  • de renforcer la traçabilité des données et l’information des consommateurs sur les produits contenant des nanoparticules d’argent. L’Agence souligne que cette traçabilité ne peut être atteinte par la seule voie de la déclaration obligatoire dans la base R-Nano.

L’Agence rappelle par ailleurs que l’argent ne figure pas dans la liste des minéraux pouvant être utilisés pour la fabrication des compléments alimentaires, qu’il soit sous forme nanoparticulaire ou non. Compte tenu de la présence de nano-argent dans des compléments alimentaires distribués notamment par le biais du commerce en ligne, l’Agence recommande alors de renforcer l’information des consommateurs et le contrôle de la distribution de ces produits qui contiendraient des nanoparticules d’argent.

Enfin, l’Anses recommande que l’usage des nanoparticules d’argent (production, transformation, utilisation) soit limité aux applications dont l’utilité est clairement démontrée et pour lesquelles la balance des bénéfices pour la santé humaine au regard des risques pour l’environnement est positive.