Incontinence
23/06/2020
Expertise
3 min

Protections pour incontinence : l’Anses publie les résultats de son évaluation des risques sanitaires

L'Anses publie ce jour son rapport d’évaluation des risques liés aux substances chimiques présentes dans les protections pour incontinence lourde. Dans son expertise, l’Agence identifie des dépassements de seuils sanitaires pour plusieurs substances chimiques pour les personnes présentant des lésions de la peau et devant porter, sur le long terme, de telles protections. L’Anses recommande aux fabricants de les éliminer ou de réduire au maximum leur présence dans les protections pour incontinence. Elle recommande aux professionnels de santé, accompagnants et utilisateurs, de tout mettre en œuvre pour prévenir l’apparition de pathologies cutanées.

Les protections pour incontinence constituent des dispositifs médicaux qui ont pour fonction d’absorber et de retenir les urines et les selles des personnes incontinentes tout en gardant leur peau saine et au sec. Depuis les années 80, le marché de l’incontinence s’est considérablement développé, du fait de l’augmentation du nombre de personnes dépendantes, d’une tendance accrue au maintien à domicile, ou encore d’une baisse de la stigmatisation associée à ces produits.

L’Anses a été saisie en 2018 par la Direction générale de la santé et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes afin d’évaluer la sécurité de ces protections en matière de risques d’allergie, d’infections ou d’intolérance, et de risques chimiques, par contact cutané ou par contact avec les muqueuses.

Plusieurs substances chimiques retrouvées dans les protections pour incontinence dépassent les seuils sanitaires en cas de lésions de la peau

Des essais menés sur quatre références commercialisées en 2017-2018 de protections pour incontinence lourde ont mis en évidence la présence de différentes substances chimiques dangereuses (dioxines, furanes et PCB‑DL et le formaldéhyde). Elles proviendraient de la contamination des matières premières ou des procédés de fabrication utilisés. Ces substances peuvent notamment migrer dans l’urine et entrer en contact prolongé avec la peau. L’évaluation des risques menée par l’Anses a permis de conclure que, tant que la peau reste saine, il n’y a pas de dépassement des seuils sanitaires.

En revanche, au vu du dépassement des seuils sanitaires pour certaines des substances, l’expertise montre que le port de ces protections sur le long terme - durée de port continue supérieure à 1 an - peut entraîner un risque sanitaire pour les populations, « âgées » ou « jeunes », souffrant de lésions de la peau au niveau du siège. Or, lorsque le port est prolongé ou quasiment continu, le risque d’apparition de telles lésions est accru.

Les recommandations de l’Anses : limiter les substances chimiques dans les protections pour incontinence et prévenir l’apparition de pathologies cutanées chez les utilisateurs

Au vu des résultats de cette expertise, l’Anses recommande :

  • aux fabricants des protections pour incontinence :
    • de supprimer l’utilisation de toutes substances parfumantes dans la composition des protections pour incontinence, en priorité celles présentant des effets irritants et sensibilisants cutanés ;
    • de mieux maîtriser l’origine des matières premières naturelles qui peuvent être contaminées, avant même la fabrication ;
    • d’améliorer les procédés de fabrication afin de réduire autant que possible la présence de substances chimiques indésirables dans les matériaux constituant les changes complets ;
    • de mieux documenter la nature des matières premières composant ces produits et de les afficher sur les emballages afin d’en informer les utilisateurs.
  • aux pouvoirs publics :
    • de suivre la présence des substances dangereuses dans les protections pour incontinence à travers des campagnes de mesures sur l’ensemble des produits du marché ;
    • de faciliter l’accès à la composition exacte et détaillée des produits pour les professionnels de santé, dans le cadre de la matériovigilance.
  • aux professionnels de santé, accompagnants ou utilisateurs :
    • de veiller au respect des bonnes pratiques d’utilisation des protections (changes fréquents, nettoyage et séchage de la peau, etc.) pour limiter au maximum les risques d’altération cutanée au niveau du siège ;
    • de notifier les effets indésirables liés au port de protection pour incontinence auprès de l’Agence nationale de sécurité du médicament dans le Portail dédié au signalement des événements sanitaires indésirables.