champignons intoxications
04/11/2022

Le dispositif national de toxicovigilance

La toxicovigilance surveille les effets indésirables chez l'Homme suite à l’exposition à des produits de consommation, des plantes, des champignons ou des animaux.

Elle repose sur les données du réseau des huit Centres antipoison (CAP) ainsi que trois dispositifs de toxicovigilance ultramarins. Ces données, enregistrées dans le système d’information commun des Centres antipoison, proviennent de la réponse téléphonique à l’urgence assurée 24h sur 24 et 7j sur 7 par les CAP.

Qu'est-ce que la toxicovigilance ?

La toxicovigilance vise à détecter les effets indésirables liés à l'exposition à un article, à un mélange ou à une substance, naturelle ou de synthèse. Il s'agit de produits disponibles sur le marché, y compris sur internet, ou présents dans l'environnement.

Les produits concernés sont :

  • les produits utilisés dans la maison ou le jardin : produits d'entretien, insecticides, raticides…
  • les produits pour le bricolage : peintures, colles, essence...
  • les articles d'habillement ou produits d'ameublement : vêtements, chaussures…
  • les toxines naturelles de l'environnement : champignons, plantes, baies, insectes, animaux venimeux…

D'où proviennent les données de toxicovigilance ?

La toxicovigilance analyse les données collectées par le réseau des huit Centres antipoison (Angers, Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nancy, Paris et Toulouse) et les trois dispositifs de toxicovigilance ultramarins, un pour la Guadeloupe, un pour la Martinique et le troisième basé à La Réunion, pour cette Île et Mayotte.

Selon le sujet, d'autres réseaux de professionnels de santé (ophtalmologues, dermato-allergologues…) peuvent également être sollicités afin de compléter les données des centres antipoison.

Comment fonctionne le dispositif ?

Signalement direct à l'Anses

Les Centres antipoison signalent à l'Anses les cas d'exposition ou d'intoxication méritant une attention immédiate, par leur caractère inhabituel, grave ou potentiellement grave.

Certains événements nécessitent d'alerter sans délai les autorités compétentes pour que des actions soient mises en place : par exemple, le retrait ou rappel d'un produit et/ou l'information à la population en cas d'intoxications liées à des produits défectueux, frauduleux, interdits ou dangereux. L'identification de la présence sur le marché, dans les commerces ou sur internet, de ce type de produit peut suffire à déclencher l'alerte, même s'il n'y a pas eu d'intoxications.

Etudes de toxicovigilance

Les données des CAP ou d'autres sources peuvent aider à documenter un signal, une alerte ou une question d'intérêt. Suite à une demande d'un des cinq ministères de tutelle de l'Agence ou à l'initiative de l'Agence elle-même, des études de toxicovigilance sont réalisées sur des sujets particuliers.

Ces études sont conduites par des collectifs d'experts de l'Anses : groupe de travail « Vigilance des toxines naturelles », « Vigilance des produits chimiques », « Vigilance des intrants du végétal, des biocides et des médicaments vétérinaires » ; ou par la mise en place d'un groupe de travail spécifique pour répondre à la question posée.

Surveillances systématiques

Certaines intoxications récurrentes font l'objet d'une surveillance systématique des données des CAP. C'est le cas notamment des intoxications par des champignons, permettant de diffuser des messages de prévention dès le début de la saison, ou par des coquillages ou des pignons de pin où des mesures peuvent être prises pour prévenir d'autres intoxications par retrait de lots non conformes.

De plus, un programme de détection automatique de signaux permet d'identifier un pic de certains types d'intoxications.

Où trouve-t-on les travaux de toxicovigilance ?

Les travaux de toxicovigilance sont publiés sur le site Internet de l'Anses sous forme de rapports d'étude, d'avis et d'articles en français et en anglais dans le bulletin Vigil'Anses.

Comment signaler un événement sanitaire indésirable ?

Les particuliers, professionnels de santé et autres professionnels peuvent déclarer un événement sanitaire indésirable lié à l'usage de produits ou substances de la vie courante, ou au contact de végétaux ou d'animaux. Ces signalements sont importants pour mieux protéger la santé des populations.

Pour signaler un effet.

Le signalement est transféré automatiquement au CAP régionalement compétent, qui pourra éventuellement contacter le déclarant pour plus de précisions.

Si vous êtes victime d'une intoxication :

  • En cas d'urgence, composer le 15 ou 112 (ou le 114 pour les personnes sourdes ou malentendantes).
  • Dans les autres cas : appeler un Centre antipoison ou consulter un médecin.  

Quelle différence entre signal et alerte sanitaire ?

Un signal sanitaire correspond à toute information attirant l'attention sur un risque potentiel pour la santé humaine et/ou une information à suivre.

Une alerte sanitaire correspond à un signal sanitaire suffisamment validé pour lequel, après une première analyse, il a été considéré qu'il représente une menace pour la santé des populations humaines, et qu'il nécessite une réponse adaptée.

Le réseau des Centres antipoison

Les Centres antipoison assurent une mission de téléconsultation, d’expertise toxicologique et d’aide médicale urgente, par réponse téléphonique à l’urgence (RTU), en cas d’exposition humaine à tout produit ou substance. La RTU est un service public, ouvert à tout demandeur (public, professionnels de santé ou autres professionnels) 24h/24 et 7jours/7.

Les Dispositifs de toxicovigilance (DTV) ultramarins ne proposent pas de RTU, celle-ci étant assurée par le Centre antipoison de Paris pour les Antilles et la Guyane, et le Centre antipoison de Marseille, pour La Réunion et Mayotte. Les DTV recueillent des données en provenance d’autres sources que les CAP.

Les appels de RTU concernent des personnes exposées à tous types de produits naturels ou de synthèse, présents sur le marché ou dans l’environnement : médicaments humains ou vétérinaires, produits d’entretien et de nettoyage, phytopharmaceutiques, biocides, compléments alimentaires, drogues, cosmétiques, champignons, animaux, végétaux...

Chaque téléconsultation est enregistrée dans le système d'information des Centres antipoison (SICAP) sous la forme d’un dossier médical. Ces dossiers comprennent l’évaluation de l’imputabilité, c’est-à-dire l’estimation de la force du lien de cause à effet entre l’exposition et les effets observés sur la santé, la documentation précise du ou des agents en cause et du contexte d’exposition, ainsi que les suites médicales et conséquences de l’intoxication, quand un suivi s’avère nécessaire.

Les données du SICAP sont utilisées conformément au Règlement général sur la protection des données (RGPD). L’Anses utilise des données à caractère personnel (date d’exposition, âge, sexe, code postal du lieu d’exposition…) pour l’exercice de ses missions. Les personnes prises en charge par un CAP pour une exposition ou une intoxication, ou ayant déclaré cette intoxication, peuvent écrire à saisine-daj@anses.fr pour toute demande relative aux droits d’utilisation de leurs données dans le cadre de la toxicovigilance.

Les données du SICAP sont utiles à la toxicovigilance ainsi qu’aux autres vigilances sanitaires réglementées : pharmacovigilance, matériovigilance, addictovigilance, nutrivigilance, pharmacovigilance vétérinaire, phytopharmacovigilance….

Ainsi, l’analyse des données du SICAP permet à l’Anses d’assurer sa mission de toxicovigilance et de contribuer à la pharmacovigilance vétérinaire, la nutrivigilance, et la phytopharmacovigilance, dispositifs aussi coordonnés par l’Anses.

Avis et rapports en lien avec l'article

Document PDF
Date de mise en ligne
17/01/2022
Numéro de saisine
2021-VIG-0132
Document PDF
Date de mise en ligne
15/11/2021
Numéro de saisine
2021-AST-0027